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Covid-19Est-on immunisé après une première infection ?

Les connaissances scientifiques sont encore trop parcellaires pour affirmer qu’un épisode de la maladie protège durablement. Seuls les 2 mois suivant l’apparition des symptômes semblent à moindre risque.

« Désormais, je suis tranquille pour un moment. » Avec la multiplication des cas de Covid-19, on entend de plus en plus souvent ce raisonnement dans la bouche de ceux qui ont contracté le virus. Sous-entendu : plus la peine de respecter les mesures barrières avec autant de scrupules puisque, étant immunisé, je ne peux ni être à nouveau malade, ni être contagieux.

Or, sur ce plan, les différents virus couvrent un large spectre, de ceux que l’on peut contracter plusieurs fois à quelques mois d’intervalle, comme certains responsables de rhumes banals, à ceux dont on n’a plus rien à craindre après une infection, comme celui de la rougeole.

Que sait-on réellement de cette question concernant le Covid-19 ? Un premier épisode protège-t-il contre une réinfection ? Si oui, pendant combien de temps ?

Les éléments de réponse proviennent de deux types d’études scientifiques. Les premières s’attachent à décrire ou dénombrer des cas réels de réinfection. Pour l’instant, seule une petite vingtaine de publications concernent des patients dont on est certain qu’ils ont contracté le virus deux fois, sur plus de 60 millions de cas dans le monde. « Même si toutes les réinfections ne font pas l’objet d’une publication, on peut tout de même affirmer que, pour l’heure, ce cas de figure est rare », constate la professeure Samira Fafi-Kremer, directrice de l’institut de virologie de Strasbourg. Cette rareté semble confirmée par une étude menée au Qatar, où la prévalence de la maladie est très élevée. Sur plus de 133 000 personnes dont des tests PCR successifs ont été analysés, seuls 54 cas suffisamment convaincants de réinfection ont été décomptés, soit 0,04 %. Cependant, le délai minimum entre ces deux tests n’était que d’un mois et demi. On ne peut rien en conclure sur un délai plus long. « Les informations qui nous remontent du terrain au fil du temps laissent penser que les cas de réinfection pourraient être moins rares que ce que l’on pensait initialement, même s’il est très difficile aujourd’hui d’en estimer la fréquence, constate Sibylle Bernard-Stoecklin, épidémiologiste à la direction des maladies infectieuses de Santé Publique France. Toutefois, dans un délai de 2 mois après la première infection, le risque d’être réinfecté par le SARS-CoV-2 peut être considéré comme négligeable. »

Cohorte de 30 000 personnes

Autre type de recherches : celles qui tentent de mieux comprendre comment notre système immunitaire réagit face au SARS-CoV-2. Diverses équipes étudient notamment la survie au fil du temps, dans le sang des personnes infectées, des anticorps dirigés spécifiquement contre le virus et d’autres agents immunitaires ayant participé à la réaction de l’organisme lors l’infection. La pandémie étant apparue voilà à peine 1 an, le temps de mettre en place les études et de publier les résultats, le recul ne dépasse guère les 6 mois. Une équipe new-yorkaise a ainsi analysé, pendant 5 mois après l’infection, le sérum de plus de 30 000 personnes atteintes de formes légères à modérées de la maladie. À l’issue de ce délai, leur taux d’anticorps capables de neutraliser le virus était toujours relativement stable.
En collaboration avec l’équipe de Samira Fafi-Kremer, l’Institut Pasteur de Paris réalise le même type d’étude : les chercheurs suivent une cohorte de 1 500 personnes infectées et procèdent à des analyses régulières qui devraient être poursuivies au moins 1 an. « Généralement, les anticorps apparaissent 5 jours à 2 semaines après la rencontre avec le virus, leur taux dans le sang monte jusqu’à 3 à 4 semaines après puis commence à baisser lentement », décrit le professeur Olivier Schwartz, directeur de l’unité virus et immunité de l’Institut Pasteur. Après 6 mois, le taux d’anticorps a diminué, en moyenne, de moitié chez ces patients, mais avec une grande variabilité selon les individus. « Nous sommes en train d’étudier les résultats de façon plus fine pour déterminer si cette baisse pourrait être influencée par la sévérité de la première infection, par l’âge, le sexe ou encore par différents paramètres biologiques », explique Olivier Schwartz. D’ores et déjà, les analyses montrent que le taux d’anticorps baisse plus lentement chez les femmes que chez les hommes.
D’autres études révèlent qu’un épisode initial de Covid-19 aux symptômes sévères est corrélé avec un taux d’anticorps élevé. Dans le même ordre d’idée, 40 % des patients asymptomatiques repérés dans la publication new-yorkaise précitée avaient perdu toute trace d’anticorps 2 mois après leur test positif.

Pertinence de la vaccination chez les personnes infectées

« Les données disponibles à ce jour laissent penser que, au moins pendant une période de 2 mois, une réponse immunitaire est présente chez l’immense majorité des personnes infectées, précise Sibylle Bernard-Stoecklin. Toutefois, il semble qu’une très faible proportion d’entre elles, y compris des personnes symptomatiques, ne développent pas du tout d’anticorps. Ce phénomène pourrait constituer un risque de réinfection. Une autre hypothèse est que les cas de réinfection concerneraient des personnes chez lesquelles la réponse immunitaire ne se maintient pas durablement. De nombreuses incertitudes demeurent. »

Personne n’est pour l’instant capable d’estimer la durée d’immunité conférée par une infection par le SARS-CoV-2 au-delà de 2 mois.

Si les résultats des études à 6 mois semblent encourageants pour la globalité de la population, ils ne disent rien du risque individuel de contracter à nouveau la maladie, sous une forme légère ou sévère, ou de porter le virus de façon asymptomatique et donc d’être contagieux. Reste que les connaissances sur ces questions sont déterminantes pour évaluer la pertinence de la vaccination chez les personnes qui ont été infectées par le virus. La Haute Autorité de santé (HAS) a annoncé mardi qu’elle comptait statuer sur la question, sans donner d’échéance précise.

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