Élisabeth Chesnais
Covid-19Alerte sur les sprays aux huiles essentielles
Les sprays et diffuseurs aux huiles essentielles sont de plus en plus utilisés depuis le début de l’épidémie, des pharmacies en font même la promotion. À tort. Inefficaces contre le coronavirus, ils présentent en revanche de vrais risques.
À la suite des cas d’intoxication qui remontent dans les centres antipoison, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) lance l’alerte sur les sprays et diffuseurs d’huiles essentielles. Les effets indésirables se produisent même en conditions normales d’utilisation, qu’il s’agisse d’irritations des yeux, de la gorge, du nez, de symptômes de toux et de difficultés respiratoires.
Sans compter que ces produits « émettent des composés organiques volatils qui constituent une source de pollution de l’air intérieur », ajoute l’Agence de sécurité sanitaire.
Ce n’est pas une surprise pour Que Choisir, loin de là. Nos différents tests d’émissions de polluants effectués sur les sprays assainissants ou purifiants aux huiles essentielles réalisés en 2014 nous ont en effet conduit à les déconseiller vivement.
Nos résultats prouvent qu’ils contribuent fortement à la pollution de l’air intérieur en émettant des terpènes irritants à des concentrations élevées, notamment du linalool et du limonène, qui ont de plus la fâcheuse particularité de réagir avec l’ozone présent dans l’air pour former du formaldéhyde, cancérogène par inhalation. Leur origine naturelle, tant vantée par les fabricants d’huiles essentielles, ne modère en rien leurs effets sur la santé.
Les utiliser en ces temps d’épidémie est d’autant plus absurde qu’ils n’ont aucune utilité contre le coronavirus. Face à l’augmentation des intoxications, l’Anses a rappelé début avril que les huiles essentielles ne constituent pas un moyen de lutte. S’administrer des huiles essentielles par voie orale pour « renforcer les défenses naturelles » et « lutter contre le coronavirus », pulvériser des huiles essentielles pour « assainir un espace clos », sont autant de pratiques inutiles et à risques.