Élisabeth Chesnais
Couvertures de litGare aux traitements «anti»
Un magasin réputé du Puy-en-Velay (Haute-Loire), une belle couverture pure laine, le couple achète. Avant de découvrir en la dépliant qu’elle est traitée à la perméthrine, un pesticide interdit en agriculture !
Aux premiers jours de grand froid, François et son épouse décident de changer leur couverture de lit. Ils optent pour une pure laine Aubisque qui leur paraît légère, chaude et confortable. L’emballage précise qu’elle est traitée antimite mais ils n’y font pas attention. De retour à leur domicile, ils la déplient pour refaire leur lit. C’est alors qu’ils remarquent une petite étiquette discrète. Elle indique « laine traitée antimites par perméthrine ».
Comme ils sont des lecteurs attentifs de Que Choisir, le mot « perméthrine » leur évoque aussitôt quelque chose, pas sympathique du tout. Incapables de citer précisément ses méfaits, ils sont persuadés que ce n’est pas recommandé. Et ils ont bien raison.
En tant que pesticide, la perméthrine est un insecticide interdit en agriculture depuis des années tant elle est dangereuse pour l’environnement, toxique pour les organismes aquatiques et les abeilles.
Si les agriculteurs n’ont plus le droit de l’utiliser, elle reste en revanche autorisée en tant que biocide, à savoir une famille de produits qui ne regroupe rien d’autre que des pesticides domestiques, si bien qu’on peut la retrouver dans des produits grand public. Son profil toxicologique n’a pourtant rien d’anodin, elle est nocive par inhalation, peut provoquer des irritations de la peau et des voies respiratoires, elle est même suspectée d’être perturbateur endocrinien.
Alors passer toutes ses nuits à son contact, il vaut mieux éviter ! Si on peut admettre son utilité dans une bombe antimoustique, il est invraisemblable que des articles de literie en contiennent.
Que Choisir déconseille d’ailleurs tous les traitements « anti », qu’ils soient antimites, antibactériens ou anti-acariens. Il est rare que les substances utilisées soient sans risques pour la santé, notre dernier test de matelas l’a démontré.
Heureusement, l’histoire se termine bien pour notre couple. Le magasin a repris la couverture traitée sans faire d’histoires. On parie qu’ils se méfieront des traitements « anti » à l’avenir.