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CoronavirusVotre argent et votre budget pendant l’épidémie

La crise sanitaire, qui impose un confinement strict, peut entraîner des difficultés pour gérer vos besoins bancaires et financiers. Elle peut aussi avoir des conséquences sur votre budget. Retrait d’espèces, découvert autorisé, agence fermée, crédit immobilier… quelques réponses concrètes aux questions pratiques que vous vous posez.

Je n’ai pas de carte bancaire, comment faire pour retirer de l’argent si mon agence est fermée ?

Surtout pas de mauvais réflexe : inutile de vous déplacer ou d’aller faire le tour des agences de votre ville. La marche à suivre est la suivante : appelez votre conseiller bancaire, s’il n’est pas joignable, vous serez basculé vers la plateforme téléphonique de votre banque. Expliquez vos difficultés financières et votre besoin urgent d’argent liquide. Tous les établissements bancaires ont la possibilité de délivrer à leur client une carte à usage unique, avec laquelle vous pourrez faire immédiatement un retrait au distributeur de billets de l’agence qui vous l’a délivrée. Deux solutions sont alors possibles : soit votre conseiller vous donne rendez-vous dans votre agence pour vous délivrer cette carte, soit il contacte l’un de ses collègues dans une agence proche de votre domicile (certains réseaux ayant regroupé les points d’ouverture pendant la période de confinement) pour que vous y soyez reçu sur rendez-vous.

Attention, si vous êtes client d’un réseau mutualiste (Banque populaire, Caisse d’épargne, Crédit agricole, Crédit mutuel) et que vous êtes en confinement dans une autre région que celle couverte par votre caisse, cette opération ne sera pas forcément possible. En effet, il n’existe pas d’interconnexion automatique entre les systèmes informatiques. A contrario, toutes les banques nationales (BNP Paribas, HSBC, La Banque postale, LCL, Société générale…) délivrent à leurs clients ce type de carte n’importe où en France.

Comment récupérer ma nouvelle carte si mon agence est fermée ?

Les cartes bancaires fonctionnent jusqu’au dernier jour du mois de validité indiqué sur leur recto. Le remplacement des cartes est réalisé de façon automatique par tous les établissements bancaires qui, en général, vous envoient la nouvelle carte à domicile ou vous expédient un courrier vous indiquant qu’elle vous attend en agence. Pour la mettre en fonctionnement, vous devez alors l’utiliser une première fois avec votre code secret à quatre chiffres. Souci : avec le confinement, les services de renouvellement des cartes continuent de fonctionner, mais elles ne sont pas toujours délivrées aussi rapidement aux clients. Si votre carte va arriver prochainement à échéance, n’attendez pas le dernier moment pour agir, car « techniquement, il est impossible de proroger sa durée de validité », explique un porte-parole du Crédit agricole. Vous devrez donc récupérer la nouvelle pour continuer à réaliser vos opérations courantes.

  • Si la carte vous est envoyée chez vous et que vous n’avez pas reçu le courrier, ou que, suite au confinement, vous n’êtes pas dans votre domicile habituel, contactez votre conseiller en lui expliquant la situation. Il est en mesure de demander en urgence la fabrication d’une nouvelle carte (comptez entre une semaine et dix jours) puis de vous l’envoyer. Attention, certaines banques vous demanderont de faire opposition à la carte restée dans la nature, ce qui implique – parfois – des frais et surtout un changement du code secret à 4 chiffres, puisque dans ce cas votre ancien contrat sera cassé. Le nouveau code pourra vous être envoyé par courrier ou, de plus en plus souvent, par SMS sur votre téléphone mobile.
  • Si la carte vous attend en agence, mais que cette dernière est fermée, contactez votre conseiller. Il pourra exceptionnellement vous donner rendezvous pour vous remettre votre nouvelle carte. Ou bien vous l’envoyer à votre domicile (ou à l’adresse où vous êtes confiné), mais dans ce cas à vos frais. Dernière possibilité, il pourra aussi la faire transiter par le réseau interne de la banque pour que vous alliez la récupérer, sur rendez-vous, dans une autre agence.

Attention, selon les réseaux et les régions, ces modalités peuvent changer et vous n’aurez pas forcément le choix des procédures.

À cause de la crise, mes revenus vont fortement chuter et j’ai peur de dépasser mon découvert autorisé, que dois-je faire ?

Un seul bon réflexe : ne faites surtout pas l’autruche et prenez les devants. Contactez immédiatement votre conseiller pour expliquer votre situation. Vu l’importance de la crise sanitaire, vous ne serez pas le seul dans ce cas, et bénéficierez d’une certaine souplesse. Grâce à cet appel, il sera au courant et vous pourrez envisager avec lui des solutions à vos problèmes financiers transitoires.

Tout d’abord, il pourra augmenter votre plafond de découvert pour quelques mois. Avantage : vous paierez des frais réduits, les taux d’agios prélevés sur un découvert autorisé étant en moyenne moitié moins chers que ceux d’un découvert non autorisé (de 6 à 8 % pour les premiers, contre de 12 à 15 % pour les seconds). Mais surtout, vous éviterez qu’il rejette des prélèvements (loyers, abonnement EDF…) et vous ponctionne à chaque fois des frais exorbitants qui pourraient vous mettre dans une situation financière encore plus compliquée.

Et grâce à votre appel, si vous avez des crédits en cours chez lui (immobilier, à la consommation…), il peut vous proposer un report ou une modulation d’échéance (prévus dans quasiment tous les contrats).

Bon à savoir. Pour les plus connectés, certaines banques permettent d’augmenter directement et temporairement, via leur application ou site internet, le plafond de découvert.

Est-ce que je peux faire un crédit à la consommation pour supporter ma baisse de revenus pendant quelques mois ?

Vous pouvez toujours faire un emprunt à la consommation ou mettre en place un crédit renouvelable pendant le confinement. Il suffit de contacter votre établissement bancaire et de signer, électroniquement, l’offre de prêt. Les sociétés financières spécialisées dans les crédits à court terme proposent aussi les mêmes modalités. Mais attention, car si vous vous servez des fonds pour financer des besoins courants, votre budget risque de déraper. Si vous faites un crédit, gardez en tête que vous devrez avoir les moyens financiers de le rembourser rapidement dès la fin de la crise sanitaire. À défaut, les intérêts augmenteront votre dette, et votre situation empirera.

Aussi, deux conseils : un crédit renouvelable, facile à utiliser car vous puisez dans une ligne de découvert, ne doit être souscrit que pour couvrir un besoin ponctuel. Utilisez-le seulement s’il est proposé à un taux intéressant. À défaut, utilisez plutôt votre découvert bancaire autorisé. Si vous souscrivez un crédit à la consommation amortissable, vous bénéficierez en général d’un taux nettement plus compétitif, mais devrez rembourser des mensualités pendant une plus longue durée. Assurez-vous donc que cela ne mettra pas en péril votre budget dans le futur.

Et si le confinement dure, il est toujours possible de reporter des échéances sans frais. Chez LCL, par exemple, les contrats prévoient deux mois de report, période passée à trois mois depuis la crise du coronavirus. Attention, si vous utilisez cette possibilité, le coût en intérêt augmentera (puisque vous rallongerez la durée du crédit). Enfin, la loi autorise à rembourser tout ou partie du solde des crédits (consommation, renouvelable, découvert…) par anticipation (article L. 312-34 du code de la consommation). Aucuns frais ne seront prélevés si votre remboursement reste inférieur à 10 000 € par période de douze mois. À défaut, une indemnité, plafonnée, pourra vous être demandée.

J’attends une réponse pour le déblocage de mon crédit immobilier afin de finaliser l’achat de mon appartement, elle n’arrive pas, que faire ?

Avec la crise sanitaire du Covid-19, les banques font face à une réduction de leurs effectifs. Les délais d’obtention des crédits immobiliers sont donc fortement rallongés. « La majorité d'entre elles n’acceptent plus de nouvelles demandes pour traiter en priorité celles des professionnels et les dossiers de prêts en cours des particuliers, par ordre d'arrivée », précise Ludovic Huzieux, cofondateur d'Artémis Courtage.

Si vous avez signé votre offre de prêt et que votre demande de crédit est en cours, vous avez intérêt à rallonger le délai de la condition suspensive. Cette dernière, précisée dans votre compromis ou promesse d'achat, fixe le délai maximum pour l’obtention du crédit. Elle est obligatoire lorsque vous achetez un logement grâce à un prêt et sa durée peut atteindre jusqu'à 60 jours. Si vous anticipez que vous allez être hors délai, faute de réponse dans les temps de votre banque, contactez votre notaire et demandez-lui de modifier la clause. Discutez aussi avec le vendeur du bien que vous comptez acheter, pour vous mettre d'accord sur de nouveaux délais. « Étant donné les circonstances actuelles, vous pouvez tenter de négocier, car ce dernier ne souhaite probablement pas non plus voir la vente annulée, d’autant qu’aucune visite de biens n’est possible actuellement », ajoute un porte-parole du courtier Cafpi.

Je souhaitais renégocier mon taux de crédit immobilier avant le confinement, que va-t-il se passer ?

Compte tenu du manque de personnel dans les établissements bancaires, les délais de traitement des dossiers de renégociation ou de rachat de prêts ont beaucoup augmenté. Mais surtout, « ces opérations ne passent pas en priorité, comme cela est le cas pour les financements d'acquisitions immobilières en cours qui impliquent à la fois des acheteurs et des vendeurs », explique Sandrine Allonier, directrice de la communication et porte-parole du courtier Vousfinancer. Si vous êtes en phase de renégociation, deux possibilités s'offrent à vous. Si votre dossier était bien engagé, restez patient et attendez le retour du courtier ou du banquier avec lequel vous étiez en discussion. Si vous commenciez à entamer vos démarches de renégociation, vous n'avez pas d'autre choix que de reporter votre projet à plus tard, une fois que le confinement sera levé. Il sera encore judicieux de le faire, en particulier si le montant de votre emprunt est élevé et que vous êtes en début de remboursement de prêt. Prenez le temps de monter un dossier complet, sans précipitation. « Malgré ce contexte extrêmement chahuté, les taux de crédit immobilier ne devraient pas augmenter fortement dans les prochaines semaines », estime Ludovic Huzieux. Pour l'heure, quelques banques ont relevé très légèrement leur taux face à la nervosité des marchés financiers, mais ils restent à des niveaux extrêmement bas.

Marie Pellefigue

Marie Pellefigue

Pauline Janicot

Pauline Janicot

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