Fabienne Maleysson
Confiné avec un malade, comment faire ?
Un membre de votre famille a été diagnostiqué porteur du coronavirus et est confiné à domicile ? Quelques précautions supplémentaires sont à respecter.
Prendre ses distances avec autrui, c’est une des principales recommandations à respecter pour freiner la propagation du coronavirus. Mais le confinement impose au contraire de côtoyer étroitement ses proches. Compliqué à gérer si l’un d’entre eux est atteint du Covid-19. Quelques précautions permettent sinon d’éviter à coup sûr la transmission intrafamiliale, du moins de mettre toutes les chances de son côté.
Isoler le malade
« La priorité va être de protéger les membres de la famille éventuellement à risque : si certains sont très âgés ou souffrent de maladies chroniques, notamment de pathologies pulmonaires, cardiaques ou de diabète, l’idéal serait de les envoyer vivre ailleurs », conseille le Dr Pierre Parneix, médecin de santé publique et d’hygiène hospitalière au Centre hospitalier universitaire de Bordeaux. D’une manière générale, « la première chose à faire si le logement le permet, c’est de réserver des pièces spécifiques au malade : chambre, toilettes, salle de bains », précise-t-on à la Direction générale de la santé (DGS). La chambre réservée à la personne infectée pourra aussi lui servir de salle à manger : on lui apportera un plateau pour éviter les occasions de contamination difficilement évitables en cas de repas pris en commun. Et on évitera les allers-retours trop fréquents vers cette pièce. Si le logement ne permet pas une telle séparation, il faut redoubler de vigilance sur l’application des gestes barrières et la désinfection des espaces communs. Par ailleurs, lorsqu’il fréquente ces derniers, le malade doit porter un masque chirurgical voire, en tout dernier recours, un masque fait maison.
Aérer le logement
Encore plus qu’en temps normal, l’aération est un geste santé à adopter au quotidien. En l’occurrence, elle doit durer au moins un quart d’heure trois fois par jour. Plus si le temps le permet.
Laver et désinfecter l’environnement
« L’enjeu majeur est la contamination indirecte, aussi faut-il gérer intelligemment l’environnement et tout ce qui est partagé, explique le Dr Pierre Parneix. Par exemple, le malade infecté doit être celui qui prend sa douche en dernier et ensuite il convient de désinfecter la salle de bains. » La serviette de toilette du malade sera tenue à l’écart. « De même chaque fois qu’il passe aux toilettes ou qu’il touche une poignée de porte, on lavera, puis désinfectera ce qu’il a touché. S’il est obligé de manger dans la même pièce que les autres, lavage et désinfection soigneux des surfaces comme la table ou le plan de travail s’imposent après chaque repas. »
Avec quel produit ? L’eau de Javel a fait ses preuves contre les virus. Une dilution à 0,1 % est efficace et permet de limiter la corrosion des surfaces mais il faut laisser le produit agir 1 minute avant de rincer. Le produit est donc à diluer selon le pourcentage d’hypochlorite de sodium indiqué sur le flacon. Sur les surfaces ne supportant pas l’eau de Javel, on peut utiliser de l’alcool à 70°. Le vinaigre blanc a-t-il prouvé son efficacité ? Non, répond la Direction générale de la santé. Chez Briochin, fabricant de produits ménagers traditionnels, on abonde : « Nous n’avons pas fait de tests virucides donc on ne sait pas. Ce serait survendeur de notre part de le prétendre. » Et l’Association française des industries de la détergence de préciser que si le pouvoir de désinfection n’est pas clairement annoncé sur l’étiquette d’un produit – cette allégation prouvant qu’il a été testé selon les normes internationales – il ne peut prétendre à cette action.
Laver linge et vaisselle à 60 °C
Une température de 60 °C détruit le virus. Concernant le linge, il faut laver souvent les draps. Attention à leur manipulation : selon le Haut conseil de santé publique (HCSP), « le déshabillage du lit ou la manipulation du linge est une intervention à risque d’aérosolisation [de dispersion des particules dans l’air, ndlr] bien connue pour de nombreux microorganismes ». Il faut donc agir avec délicatesse en évitant de secouer les draps et les mettre sans plus attendre au lave-linge, sans les plaquer contre soi. Les vêtements du malade feront aussi l’objet de lessives séparées. Ceux qui ne supporteraient pas un lavage à 60 °C peuvent être laissés dans un sac fermé en lieu sûr (balcon, cagibi). Comme on ne sait pas encore tout de la persistance du virus, cette mise à l’écart du linge devra durer « de nombreux jours » d’après la DGS.
Pour la vaisselle également, choisir un cycle à 60 °C. Si l’on n’a pas de lave-vaisselle, laver à l’eau très chaude, désinfecter à la Javel diluée et rincer abondamment.
Préférer le lavage humide à l’aspirateur
Pour le nettoyage des sols, selon le HCSP, « l’usage d’un aspirateur mobilise des particules sur lesquelles des microorganismes se sont déposés et les aérosolise ». Préférez donc une serpillère pour le lavage puis la désinfection et enfin le rinçage. Concernant la chambre, le HCSP recommande un temps de latence d’au moins 3 heures entre la manipulation des draps et le lavage du sol pour que les particules dispersées dans l’air aient le temps de retomber sur le sol.
Respecter scrupuleusement les gestes barrières
Bien entendu, le malade et les autres membres de la famille doivent respecter encore plus scrupuleusement les gestes barrières. Le lavage des mains en particulier avec du savon doit être fréquent et soigneux. On peut les essuyer soit avec une serviette à usage unique (ou essuie-tout) soit avec une serviette éponge mais dans ce cas, en réserver une à chaque membre de la famille et les laver fréquemment. Cette précaution vaut d’ailleurs qu’il y ait ou non un malade dans le logement.