Élisabeth Chesnais
Consigne des bouteilles en plastiqueLes collectivités locales vent debout contre cette absurdité
La concertation nationale en cours sur la consigne se tient jusqu’au mois de juin. Issue de la loi anti-gaspillage de février 2020, elle relance l’idée d’une consigne pour... détourner les bouteilles en plastique de la poubelle de tri, mais les recycler quand même ! Une absurdité totale.
Si Que Choisir n’a pas réalisé de micro-trottoir sur la consigne, il y a fort à parier que spontanément, elle serait associée aux bouteilles en verre qu'on peut consigner pour les laver et les réutiliser. Or ce n’est pas du tout ce qui est en jeu avec les bouteilles en plastique. Compte tenu de leur matériau, il est impossible de les réemployer. C’est pourquoi les collectivités locales les collectent depuis longtemps dans la poubelle jaune de tri ou dans les conteneurs dédiés aux emballages et papiers. Leurs centres de tri les récupèrent, les compactent en ballots qu’ils vendent aux recycleurs. Il s’agit du matériau trié qui rapporte le plus aux collectivités locales, tant le PET transparent recyclé des bouteilles en plastique est recherché par les industriels. Les priver de cette manne alourdirait le coût de gestion des déchets ménagers, les communes se verraient contraintes d’augmenter le montant de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères qui pèse sur tous les ménages, via la taxe foncière pour les propriétaires, les charges pour les locataires.
Rare unanimité contre le projet
Pourtant, après avoir assuré fin 2019 que la mesure ne verrait pas le jour sans l’accord des associations d’élus locaux, le gouvernement a remis la consigne des bouteilles en plastique au menu de la concertation courant février. Toutes les associations d’élus locaux font bloc pour refuser ce projet, de France urbaine pour les grosses agglomérations à APVF pour les petites villes, en passant par Intercommunalités de France, ANPP Territoires de projet, Villes-France, l’association des maires de France, ainsi que les spécialistes du domaine déchets que sont Amorce et le Cercle national du recyclage. Une unanimité rare, qui prouve combien le projet semble insensé.
Quant aux consommateurs qui porteraient leurs bouteilles en plastique à la consigne, ils recevraient certes une dizaine de centimes, sans que ça leur apporte quoi que ce soit pour autant. Leur prix à l’achat augmenterait en effet de 15 à 20 centimes pour intégrer le coût de la consigne et de ses automates ! Le contribuable consommateur paierait ainsi deux fois, entre le surcoût de la boisson et la hausse de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, tout en perdant l’aspect pratique de la bouteille jetée dans la poubelle jaune.
Il reste de fait un gisement de bouteilles en plastique qui échappe au recyclage, c’est celui des boissons consommées hors foyer. Mais il suffirait que tous les vendeurs présents dans l’espace public, à titre permanent ou pour un événement, soient contraints d’appliquer une consigne et de les reprendre pour qu'elles soient recyclées.