Élisabeth Chesnais
La raison l’a emporté
Le ministre de la Transition écologique l’a annoncé lors des Assises des déchets qui viennent de se tenir à Nantes, le projet de consigne sur les bouteilles en plastique est abandonné. Une excellente nouvelle pour les collectivités locales en charge de la gestion des déchets, pour le pouvoir d’achat des consommateurs et pour l’environnement.
Ce 27 septembre 2023, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, a mis fin à une polémique qui enflait depuis de longs mois, le gouvernement s’obstinant à vouloir imposer la consigne des bouteilles en plastique en dépit des fortes oppositions qu’elle suscitait.
« La mobilisation des élus locaux a payé, cet abandon d’une fausse consigne contre-productive est une victoire pour le collectif unitaire d’associations d’élus qui n’a eu de cesse de faire des propositions argumentées ces derniers mois », s’est aussitôt félicitée l'association Intercommunalités de France. La consigne prévue n’avait en effet rien à voir avec la vraie consigne, celle des bouteilles en verre qu’on lave un grand nombre de fois pour les réutiliser. Avec les bouteilles en plastique, c’est tout autre chose, on s’apprêtait à les consigner pour... les recycler !
Or ce recyclage, il existe déjà. Les ménages les mettent dans le sac de tri ou la poubelle jaune, les centres de tri les séparent des autres flux et en font des balles qui sont revendues aux recycleurs, en général à un bon prix, contrairement aux autres emballages en plastique. Elles participent ainsi au financement de la gestion des déchets ménagers, c’est autant de moins à la charge des habitants, via la taxe foncière ou les charges locatives.
Banalisation du plastique jetable
Perdre ce gisement augmenterait ce coût de 320 millions d’euros, sans compter que ne plus mettre les bouteilles dans le bac jaune risquerait de perturber les ménages à qui on a récemment expliqué que tous les emballages en plastique se triaient. Passer à la consigne ne ferait en plus que banaliser la consommation de plastique jetable alors que la réduction de son usage est une priorité entre toutes.
Et l’addition serait lourde pour les ménages, même si les 20 centimes de surcoût à l’achat étaient compensés par 20 centimes rendus par l’automate de consigne. Car les dizaines de milliers d’automates, il faudra bien les payer, les consommateurs risquant fort d’être mis à contribution d’une façon ou d’une autre. De plus, une récente étude de l’Ademe montre que la collecte sélective optimisée serait moins onéreuse que la consigne à l’horizon 2029, échéance à laquelle 90 % des bouteilles en plastique devront être collectées, contre 60 % en 2022.
Finalement, comme le dénonçait l’UFC-Que Choisir, les seuls gagnants de la consigne étaient les industriels de l’eau en bouteille et des sodas, et pas qu’un peu. Outre les 750 millions d’euros qu’elle leur rapporterait selon les associations d’élus, elle redorerait l'image du plastique, ce qui aurait augmenté les ventes. On comprend le lobbying effréné auquel ils se sont livrés, en pure perte heureusement.