Marie Bourdellès
Concert de Lauryn HillLes spectateurs contestent le non-remboursement
Le concert de la chanteuse américaine Lauryn Hill du 20 novembre dernier à Paris a généré la colère du public, qui s’est vu refuser tout remboursement de la part de Live Nation, l’organisateur de l’évènement. Pourquoi une représentation qui démarre deux heures et demie après l’heure annoncée et s’arrête avant la fin de la prestation de l’artiste ne donne-t-elle pas droit à dédommagement ? Explications.
À la suite de la prestation de Lauryn Hill à l’AccorHotels Arena (ex-Palais omnisport de Paris-Bercy), le 20 novembre dernier, les spectateurs avaient tout lieu de penser qu’ils parviendraient à se faire rembourser. Ils ont attendu deux heures et demie avant que la chanteuse américaine, qui jouait à guichet fermé, n’arrive sur scène. Pire, la prestation qui a suivi a duré le temps de quatre morceaux puis a été stoppée par l’organisateur lui-même, qui a fait couper les micros et allumer la lumière, alors que Lauryn Hill s’apprêtait à entamer une nouvelle chanson. Une annonce a ensuite invité le public à sortir de la salle. La colère des fans a explosé sur les réseaux sociaux, sachant que certaines places étaient vendues plus de 100 €. Le lendemain, ils ont reçu un message de l’AccorHotels Arena, qui a partagé le mot d’excuse de l’artiste sur Twitter mais a surtout précisé que « la production technique (et notamment les micros) est gérée directement par le staff de l’artiste et son entourage ». Les spectateurs déçus ont alors lancé des actions pour réclamer un dédommagement auprès de Live Nation, l’organisateur de la soirée, qui fixe les conditions de remboursement. La pétition « Pour un remboursement des billets concert du 20/11/18 » sur le site Mesopinions.com a récolté à l’heure où nous écrivons 1 744 signatures. Un groupe Facebook « Remboursement 20 novembre Lauryn Hill » a vu le jour. Certains de ses membres sont entrés en contact avec Live Nation, qui a débattu du sujet avec AccorHotels Arena. Verdict : l’organisateur « [comprend le] mécontentement suite à l’arrivée tardive de l’artiste sur scène », mais assure que « l’artiste a bien joué sur scène, et ce pendant plus de cinquante minutes, ce qui ne justifie pas un quelconque remboursement ». « C’est odieux, on est mis de côté. On continue d’occuper l’espace pour montrer que l’on est là. Nous sommes quelques-uns à réfléchir à une action juridique. Pour l’instant, j’encourage les gens à renvoyer un mail à Live Nation », confie l’une des fondatrices du groupe Facebook, très en colère. Elle souhaite notamment s’appuyer sur l’événement du lendemain, le 21 novembre, date à laquelle Lauryn Hill donnait un second concert à l’AccorHotels Arena, qui a démarré à l’heure et a duré 1 h 30.
Les conditions générales de vente contestables
Dans sa réponse aux spectateurs, l’organisateur se retranche derrière les conditions générales de vente (CGV) : « Si le spectacle doit être interrompu au-delà de la moitié de sa durée minimum prévue par l’organisateur, si l’organisateur est amené à modifier les programmes, la distribution ou les horaires, ce billet ne fera l’objet d’aucun échange ou remboursement. » Même si l’on ne peut connaître à l’avance la décision d’un juge, ces clauses paraissent contestables. Bien que communiquées aux spectateurs et mentionnées sur le billet, elles manquent de clarté et pourraient être considérées comme abusives et discrétionnaires. En effet, la durée minimum en question, non indiquée aux acheteurs de billets, est à la seule appréciation de l’organisateur. Quant aux « plus de cinquante minutes » évoquées mais largement démenties par le public, impossible de savoir comment elles ont été calculées, Live Nation n’ayant pas souhaité donner suite à nos appels.
Enfin, en acceptant l’organisation de concerts de Lauryn Hill, coutumière de gros retards, n’est-ce pas à l’organisateur d’anticiper et d’assumer les conséquences ? Doit-on considérer que quatre chansons chantées au public constituent un concert ? Les fans attendent donc légitimement que Live Nation prenne ses responsabilités en proposant un remboursement, au moins partiel.
Nadia Mamri