Élisabeth Chesnais
L’Europe s’en mêle
Le précédent gouvernement a eu beau imposer la généralisation des nouveaux compteurs électriques Linky, la contestation ne faiblit pas. L’UFC-Que Choisir a saisi le Conseil d’État, et les réserves se manifestent même au niveau européen.
Décidément, les nouveaux compteurs électriques Linky n’ont pas la cote. Après avoir dénoncé les engagements non tenus vis-à-vis des usagers sans obtenir gain de cause, l’UFC-Que Choisir a engagé un recours devant le Conseil d’État pour obtenir l’annulation de l’arrêté ministériel qui prévoit leur généralisation. En effet, alors que la Commission européenne et la loi Grenelle avaient exigé des compteurs permettant aux usagers de suivre leur consommation gratuitement, en temps réel, pour mieux la maîtriser et réaliser des économies d’énergie, ERDF les installe en lieu et place des anciens compteurs dans des endroits peu accessibles.
De son côté, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) est montée au créneau. « Ce compteur ne fait pas faire d’économies d’énergie, ses bénéfices pour le consommateur en termes de maîtrise de la demande d’électricité restent théoriques », a-t-elle déploré, sans être plus écoutée des pouvoirs publics.
Contestation européenne
Mais depuis peu, c’est au niveau européen que le compteur Linky est contesté. Le régulateur européen en charge de la protection des données personnelles a rendu son avis. La critique est rude : « le déploiement des compteurs intelligents en Europe va permettre la collecte massive de données à caractère personnel et notamment de suivre ce que font les membres d’une famille dans l’intimité de leur domicile, […] de savoir s’ils sont en vacances ou à leur travail, à quelle heure ils s’endorment et se réveillent, s’ils souffrent d’insomnie, regardent la télévision ou bricolent… » Bref, c’est 1984 de George Orwell. « Le profilage des consommateurs permettra de suivre bien plus que leur consommation d’énergie si des limites claires ne sont pas établies », assure l’instance de contrôle. Pour éviter cette intrusion dans l’intimité des consommateurs, le régulateur demande un renforcement de la législation européenne. Les usagers doivent avoir la liberté de communiquer ou non les données que ces compteurs enregistrent en continu.