Anne-Sophie Stamane
Compléments alimentairesPrudence et méfiance
Les compléments alimentaires promettent monts et merveilles, mais leurs effets sont loin d'être prouvés. La DGCCRF a inspecté certaines entreprises et constaté des anomalies, tant dans l'étiquetage que dans la façon de présenter les produits, parfois à la limite de la publicité mensongère.
Envie d'être en forme, peur de perdre la mémoire, volonté d'équilibrer son alimentation : toutes ces raisons font le succès grandissant des compléments alimentaires. Des gélules contenant des extraits de plantes bio à l'acérola sous toutes ses formes en passant par les capsules d'oméga 3, il y en a désormais pour toutes les angoisses. Peut-on pour autant se fier à ces produits ? Pas vraiment. Une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) montre que les mille qualités dont ils sont parés flirtent parfois avec la publicité mensongère, et que les fausses promotions ne sont pas rares. L'étiquetage n'est pas non plus au-dessus de tout soupçon. Au total, sur les 1 760 contrôles réalisés en 2008, 220 ont révélé des anomalies. Un tiers des 500 entreprises inspectées étaient en infraction.
Seulement 3 personnes à la DGCCRF
Reste que la marge de manoeuvre de la DGCCRF pour garantir que les compléments alimentaires sont totalement sûrs est franchement limitée, faute de moyens (seulement 3 personnes sont chargées d'examiner les dossiers) et faute d'une réglementation protectrice pour les consommateurs, la DGCCRF n'étant pas tenue de vérifier la validité scientifique des dossiers transmis par les fabricants. Certes, les entreprises qui produisent ou distribuent les compléments alimentaires sont tenues d'obtenir une autorisation préalable avant de les vendre. Mais si les ingrédients existent déjà sur le marché français, ou s'ils ont été acceptés dans un autre pays de l'Union, impossible pour la DGCCRF de s'opposer à leur commercialisation. Sauf à prouver formellement leur nocivité, mais encore faut-il en avoir les moyens. Sur les milliers de références présentes sur le marché, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) en a bien examiné 51, mais pour en retoquer 49 !
Ces résultats corroborent le test publié par l'UFC-Que Choisir en novembre dernier dans lequel nous écrivions : « Allégations trompeuses et slogans mensongers sont monnaie courante sur ce marché. »
C'est donc aussi au consommateur de rester vigilant. La Répression des fraudes donne quelques conseils de bon sens : respecter le mode d'emploi, ne pas associer les compléments « revendiquant des effets similaires », ne pas acheter les produits vendus sur Internet hors de l'Union européenne, ni ceux dont les étiquettes ne sont pas rédigées en français.