Fabienne Maleysson
L’Anses alerte après 2 décès
Deux morts, une vingtaine de personnes victimes d’effets indésirables très graves, dont des arrêts cardiaques et des AVC : les produits supposés aider à se muscler peuvent mettre en danger leurs consommateurs.
Dans les salles de fitness, les magasins de sport, les boutiques dédiées ou même en pharmacie, des rayons entiers de bidons et sachets colorés s’alignent, promettant une musculature d’athlète. Internet est aussi un pourvoyeur important de ces compléments alimentaires et aliments enrichis en protéines, acides aminés ou extraits de plantes.
S’ils étaient, dans le passé, plutôt consommés par les adeptes du bodybuilding, de nombreux amateurs de sports dans lesquels la masse musculaire ou la réduction du poids importent les ont désormais adoptés. Or, ils ne sont pas forcément inoffensifs, comme vient de le rappeler l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
2 décès et de nombreux effets indésirables graves recensés
Depuis 2016, l’agence a recueilli 154 signalements d’effets indésirables dont 18 considérés comme très graves. 2 décès sont survenus et 4 personnes ont vu leur pronostic vital menacé. Ce nombre déjà considérable n’est pourtant probablement que la partie émergée de l’iceberg : lorsque des symptômes surviennent, on ne pense pas forcément à les rapporter à la consommation de tel ou tel produit et même dans ce cas, le signalement aux autorités n’est pas systématique.
L’Anses précise que les effets cardiovasculaires constatés sont les plus fréquents, allant de la tachycardie et des palpitations à l’arrêt cardiaque. Des symptômes tels que malaise, fatigue, fièvre, vertiges et problèmes digestifs sont aussi rapportés. Plus grave, des conséquences d’ordre neurologique, telles que des accidents vasculaires cérébraux, ont également été enregistrées.
Des substances dopantes incorporées illégalement
En cause, notamment, l’incorporation illégale de dopants tels que les stéroïdes anabolisants, le clenbutérol et l’éphédrine. Autant de substances interdites à la consommation notamment en raison de leurs nombreux effets indésirables sévères sur l’activité cardiovasculaire. La norme EN 17444:2021 a été mise en place pour garantir l’absence de ces ingrédients dopants mais il n’est pas évident de trouver des références l’affichant. En tout cas, les compléments contenant de la caféine sont à éviter et un médecin devrait être consulté avant tout achat, selon les experts de l’agence.
Sans doute le plus raisonnable est-il de se passer de tout produit de ce type : l’Anses déplore que les sportifs soient influencés par « une croyance non fondée selon laquelle l’alimentation courante ne suffirait pas à atteindre les objectifs de performance fixés ». D’une manière générale, les compléments alimentaires n’ont pas fait la preuve de leur utilité et exposent leurs consommateurs à divers risques. Nous l’avons rappelé récemment au sujet de gummies supposés aider à mincir, du collagène, d’un prétendu remède contre la gueule de bois ou, plus largement, des spécialités à base de plantes objets d’une alerte qui provenait aussi de l’Anses.
Pour les personnes qui consommeraient des compléments alimentaires et constateraient des effets indésirables qui leur seraient potentiellement attribuables, l’agence insiste sur la nécessité d’envoyer un signalement sur www.nutrivigilance-anses.fr.