Fabienne Maleysson
Des risques pour la santé
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) fait le point sur les précautions à prendre quand on consomme des compléments alimentaires à base de plantes.
« La simple mention de la présence de plantes dans les compléments alimentaires peut parfois être faussement rassurante. » Le constat est dressé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dans un communiqué récent. De fait, une idée bien ancrée, et qui ne repose sur aucune donnée tangible, veut que les plantes constituent un moyen de se soigner aussi efficace que forcément inoffensif. Nombreux et variés, les compléments alimentaires qui contiennent des végétaux, du thym à la valériane en passant par l’artichaut ou l’acérola, bénéficient de cet a priori favorable. Ils sont consommés le plus souvent sans prendre conseil auprès d’un médecin, tout au plus auprès du pharmacien, qui tire un bénéfice de leur vente. De plus, les notices sont généralement succinctes, en tout cas beaucoup moins détaillées que celles des médicaments. Et la mise sur le marché se fait sans évaluation préalable des risques.
Or, rappelle l’agence : « Certaines plantes peuvent présenter un risque dans certaines conditions d’utilisation, selon le type d’extraits de plantes [le fait que l’on consomme un végétal comme aliment ne garantit pas le caractère inoffensif de certains extraits, ndlr] ou la sensibilité de populations particulières, comme les femmes enceintes ou les enfants. » Et de citer comme exemple d’effets indésirables « des allergies sévères ou des atteintes hépatiques potentiellement mortelles ».
Racine de rhubarbe, écorce de saule, menthe poivrée, graine de guarana…
Partant de ce constat, elle a compilé les restrictions existantes pour les médicaments à base de plantes ‒ plus strictement encadrés que les compléments alimentaires ‒ et les a synthétisées dans un tableau principalement destiné aux professionnels de santé, mais que rien n’empêche de consulter sur son site (1).
On y apprend par exemple que les références à base de racine de rhubarbe, supposées faciliter le transit intestinal, sont contre-indiquées pour les femmes enceintes ou allaitantes, mais aussi en cas d’insuffisance cardiaque ou d’hypokaliémie (taux de potassium dans le sang trop bas), entre autres.
Celles composées d’écorce de saule, censées soulager la douleur, ont peu ou prou les mêmes contre-indications que l’aspirine (ulcère, troubles de la coagulation, maladies hépatiques et rénales, etc.). Et pour cause, leurs substances actives sont proches.
Celles contenant de l’huile essentielle de menthe poivrée ne doivent pas être consommées en cas de reflux gastro-œsophagien, d’ulcère, de gastrite, de calculs biliaires ou de troubles hépatiques.
Celles renfermant de la graine de guarana, présentées comme amaigrissantes et capables de « réduire la fatigue mentale » sont contre-indiquées pour ceux qui souffrent d’arythmie cardiaque, d’hypertension ou d’hyperthyroïdie. Par ailleurs, elles diminuent l’effet des médicaments sédatifs, qui peuvent précisément être prescrits en cas d’anxiété ou d’insomnie. On pourrait multiplier les exemples de mises en garde sur lesquelles les fabricants font généralement l’impasse.
Comme les médicaments, les compléments alimentaires font l’objet d’une surveillance après leur mise sur le marché grâce au dispositif Nutrivigilance. L’Anses encourage les consommateurs à déclarer les effets secondaires qu’ils pensent liés à la consommation d’un complément alimentaire ou de certains aliments (produits enrichis, nouveaux aliments, spécialités destinées notamment à des personnes malades). S’il est préférable de déclarer via un professionnel de santé qui pourra objectiver l’effet indésirable, on peut aussi le faire directement sur la plateforme nutrivigilance-anses.fr.
Le dernier rapport d’activité, qui porte sur les années 2020-2021, fait état de 1 869 déclarations. Parmi elles, 35 concernaient des cas où le pronostic vital était engagé.
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(1) Le lien vers le tableau est disponible ici : https://www.anses.fr/fr/content/complements-alimentaires-plantes-meilleure-information-des-consommateurs