Roselyne Poznanski
Les hausses de tarifs sont bel et bien là
Plus que l’inflation ! En 1 an, le coût moyen des contrats complémentaire santé de notre comparateur indépendant a augmenté de +2,1 % entre 2018 et 2019, soit davantage que les 1,8 % de hausse des prix relevés par l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) sur la même période. Une tendance qui ne devrait, hélas, pas s’inverser cette année.
Le prix de la santé, on le sait, ne cesse de grimper. Et les mises en garde d’Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé, qui a exhorté fin 2018 toutes les familles d’assureurs (compagnies d’assurances, mutuelles et institutions de prévoyance) à modérer leurs hausses de prix, n’y ont pas changé grand-chose.
Cette tendance inflationniste n’a rien d’étonnant. Elle est « naturelle », puisque année après année, et hors consommation accrue liée au vieillissement, les Français se soignent davantage, que ce soit de façon préventive ou curative. Elle est également « conjoncturelle » : une importante réforme (dite du « 100 % santé ») qui vise à ne laisser aucun reste à charge sur certains équipements coûteux (en optique, dentaire ou en audio) et qui va entrer en vigueur au début de l’année prochaine, va en effet peser davantage tant sur les comptes de la Sécurité sociale que sur ceux des assureurs.
Pour autant, cette hausse de +2,1 % n’est pas égale d’un acteur à l’autre. Sur les 400 contrats référencés, ce sont ceux vendus par les courtiers en assurance (April, Gras Savoye, Mercer…) qui affichent les plus fortes augmentations : +4 % en moyenne (il est vrai que leurs contrats comportent des niveaux de garanties souvent plus élevés que les autres). À l’autre bout de la chaîne, les institutions de prévoyance et – surprise – les assureurs et bancassureurs (LCL, Caisse d’épargne, GAN, Swiss Life…) sont plus vertueux avec +1,3 % et +1,6 % de hausses respectives. Précision importante, ces évolutions de cotisations sont constatées à âge inchangé. L’inflation réelle est donc encore plus substantielle car les assurés ont vieilli d’un an entre 2018 et 2019 et les tarifs ont augmenté en conséquence.
Face à ces hausses, l’intérêt d’un comparateur indépendant de mutuelles santé (et non d’un comparateur pour lequel les « mises en relation » sont rémunérées), tel celui de Que Choisir, mis en place en 2016, est plus que jamais d’actualité. Il permet de valider ou d’invalider les données que chaque famille d’assureurs ne manque pas de fournir en début d’année. Dans les mois qui viennent, cette pertinence va s’accentuer plus encore, puisque le Parlement a récemment adopté la résiliation infra-annuelle, autrement dit la faculté pour chaque assuré de pouvoir changer de complémentaire santé individuelle à tout moment, sans frais ni pénalités, à l’issue de la première année d’adhésion. Une mesure réclamée de longue date par l’UFC-Que Choisir, mais pour laquelle il va falloir patienter un peu : son entrée en vigueur est en effet prévue le 1er décembre 2020 au plus tard.