Anne-Sophie Stamane
Comparateur des devis d’opticiensMise au point face aux réactions véhémentes des opticiens
Suite à la publication de notre comparateur de devis d’optique, des opticiens ont réagi avec virulence. Sur les réseaux sociaux principalement, ils tentent de discréditer un outil simplement destiné à aider les consommateurs à situer le tarif d’un devis par rapport aux prix constatés sur le marché. De telles réactions nous incitent plutôt à croire que notre comparateur apporte une information éclairée aux principaux concernés : les acheteurs de lunettes.
Depuis le week-end dernier, la note de la page Facebook de l’UFC-Que Choisir a dégringolé, passant à une seule étoile. Les particuliers ont-ils brusquement jugé que nous desservions la cause consumériste ? Pas du tout. Ce soudain désamour est en réalité le résultat d’une vengeance d’opticiens qui, mécontents du travail d’information de l’UFC-Que Choisir sur les tarifs de l’optique, se sont donné le mot pour pourrir la cote de l’association sur les réseaux sociaux. Ils n’ont visiblement pas digéré la publication, la semaine dernière sur notre site Internet, d’un outil spécifiquement conçu pour aider les consommateurs à s’y repérer dans les prix des verres de lunettes.
Un outil qui ne plaît pas à tout le monde…
Il est vrai qu’à partir de sa seule prescription, l’utilisateur ou l’utilisatrice peut, grâce à ce « comparateur », se faire une idée de l’échelle des prix qui se pratiquent. Et se rendre en magasin en toute connaissance de cause. Mais visiblement, mettre au parfum les clients sur les réalités commerciales à l’œuvre dans le secteur de l’optique, et les inciter à faire jouer la concurrence, est un crime de lèse-majesté ! Nos données ne sont pourtant que des indications. L’outil ne cite ni ne stigmatise aucun professionnel en particulier. C’est dire si la transparence est loin d’être une évidence dans ce milieu. La moindre avancée dans ce sens suscite aussitôt la bronca.
Les opticiens qui nous attaquent ne lésinent pas sur les noms d’oiseaux. Passons sur les soupçons d’avoir été corrompus par les complémentaires santé : en réalité, c’est nous qui avons payé pour utiliser les données qu’elles nous ont fournies ! Et sur ce point, que ceux qui croient pouvoir nous accuser d’exploiter des données personnelles de santé soient rassurés : les données, issues des factures envoyées aux complémentaires pour remboursement, ont été anonymisées et agrégées avant même de nous parvenir. Aucun risque d’identifier qui que ce soit ! Nous sommes restés dans les strictes limites de la légalité.
Des marges confortables
Il nous est également reproché de mettre tous les verres dans le même sac, sans prendre en compte leur qualité. Nous sommes allés aussi loin que possible, mais la jungle des gammes, notamment dans les verres progressifs, empêche toute finesse dans la comparaison. Nous avons toutefois pu distinguer le haut de gamme de la moyenne gamme. Et l’enquête qui accompagne l’outil valide, à partir de deux exemples précis, le constat, à savoir de très fortes disparités de facturation pour des verres strictement identiques.
Connus et établis, les écarts de prix dans l’optique ne se justifient pas par des différences de qualité des produits, mais par la nécessité pour les opticiens de conserver des marges confortables. Comme nous l’avons montré à plusieurs reprises, rapporté aux besoins, le nombre d’enseignes d’optique est trop important. Ce n’est qu’en pratiquant des prix élevés que les professionnels peuvent s’en sortir en ne vendant, chaque jour en moyenne, que deux paires de lunettes.