Anne-Sophie Stamane
Commission sur le complotismeUne présence sujette à caution
La commission contre la désinformation scientifique compte dans ses rangs le Pr Guy Vallancien, célèbre urologue dont les recommandations médicales ne suivent pas… les données de la science.
À peine installée par le président de la République, la commission contre la désinformation scientifique, dite « Lumières à l’ère numérique », pilotée par le sociologue Gérald Bronner, fait déjà polémique. Au cœur des critiques, la présence parmi ses membres du Pr Guy Vallancien, célèbre urologue parisien. En plus d’avoir été le médecin de François Mitterrand, l’homme n’est jamais à court d’idées de réformes controversées. C’est un bon client pour les médias. Mais le vent tourne, car il traîne aussi quelques casseroles : comme l’a rappelé dans une tribune au Monde la pneumologue et lanceuse d’alerte Irène Frachon, Guy Vallancien s’est évertué, jusqu’en 2015 au moins, à minimiser le drame du Mediator, jugeant « infime » le nombre de dossiers en lien avec la prise du médicament. Une position en parfaite harmonie avec celle de Jacques Servier, dirigeant du laboratoire du même nom, qui a toujours nié la responsabilité de son produit dans l’état de santé des victimes. Mais à rebours de la réalité, puisque le Mediator a endommagé des milliers de cœurs, et brisé autant de vies.
Opérations tous azimuts
Dans sa spécialité, Guy Vallancien n’est pas irréprochable non plus. Il ne manque jamais une occasion de marteler la nécessité de rechercher, par dosage de PSA et en dehors de tout symptôme, le cancer de la prostate chez les hommes de plus de 50 ans. Or ce dépistage n’est pas scientifiquement fondé, il n’est d’ailleurs pas recommandé par les autorités sanitaires : il ne fait pas baisser la mortalité – c’est normalement l’objectif d’un dépistage systématique. Et il aboutit souvent à opérer tous azimuts, quitte à provoquer incontinence ou impuissance chez des hommes ne s’étant, à l’origine, plaints de rien. Le cancer de la prostate évolue lentement, voire pas du tout : le traiter à partir du moment où les symptômes se déclarent est, à ce jour, la meilleure option ! Le positionnement de Guy Vallancien en faveur du dépistage, à contre-courant des données de la science, devrait le disqualifier d’office comme candidat à une commission ayant la vertu scientifique pour cible.
Et s’il fallait un argument supplémentaire, Guy Vallancien a reçu cet été un blâme de l’Ordre des médecins pour avoir rédigé un certificat mensonger à l’encontre d’un de ses confrères… Interpellé sur sa place dans la commission, Gérald Bronner, son président, a annoncé qu’il se pencherait en ce début de semaine sur son maintien ou son exclusion.