Perrine Vennetier
L’érythrosine, un additif controversé
Interdire l’érythrosine, c’est ce que demande la principale association de consommateurs aux États-Unis. En France, ce colorant rouge est peu utilisé dans les aliments mais présent dans de nombreux médicaments.
Qu’ont en commun une glace plombières, une brioche aux fruits confits et un cocktail de fruits en conserve ? Réponse : des cerises bien rouges, traitées à l’E127. Cet additif alimentaire appelé aussi érythrosine est un composé de synthèse contenant de l’iode, utilisé comme colorant rouge.
Aux États-Unis, nos confrères de Consumer Reports et plusieurs associations de défense de la sécurité alimentaire (des « watchdogs », comme ils s’appellent eux-mêmes, c’est-à-dire des chiens de garde !) ont adressé une pétition à la FDA, l’Agence de sécurité sanitaire américaine, exigeant l’interdiction de cet additif dans les produits alimentaires. L’argumentaire est simple et imparable : la FDA elle-même a interdit l’érythrosine dans les cosmétiques et les médicaments appliqués sur la peau, il y a 30 ans, en raison de risques d’allergie et de perturbations de la thyroïde (inductions de cancer chez les rats).
« La FDA dit que cela n’est pas assez sûr pour être appliqué sur nos joues mais cela le serait assez pour mettre dans notre bouche ? C’est dingue ! », ironise, dans les colonnes du Washington Post, Lisa Lefferts, consultante au Center for Science in the Public Interest, une des associations à l’origine de la pétition. C’est pourquoi elle demande à la FDA de bannir l’érythrosine de tout ce qui s’ingère : dans les aliments bien sûr (en particulier dans les bonbons où ce colorant est fréquemment utilisé alors même qu’il est suspecté de provoquer hyperactivité et troubles du comportement chez les enfants exposés) mais aussi dans les compléments alimentaires et les médicaments.
Colorer des gélules en rouge
En France, l’usage alimentaire est très restreint : il n’est autorisé que pour les cerises. En revanche, on trouve de l’érythrosine dans de très nombreux médicaments, par exemple pour colorer les gélules en rouge. L’E127 est ainsi présent dans une vaste gamme de spécialités, parfois d’usage courant comme les gélules de 500 mg de paracétamol (Biogaran, Arrow, EG, etc.). D’après nos recherches, 181 spécialités en contiennent !
Pour le débusquer, regardez la liste des excipients (désignés parfois comme « autres composants ») dans la rubrique « contenu de l’emballage » de la notice. Vous y découvrirez peut-être aussi du dioxyde de titane, autre additif alimentaire et autre colorant (blanc pour sa part), aussi soupçonné d’être cancérogène, qui a été banni des aliments mais n’est toujours pas interdit dans les médicaments. En termes de précaution sanitaire, les produits de santé sont parfois plus mal lotis que les bonbons.