Yves Martin
Citroën C4 PicassoPremières impressions
En changeant de style et en affichant de nets progrès en termes de qualité et d’équipement, le nouveau C4 Picasso rend le monospace plus séduisant. Dommage que ses mécaniques traditionnelles ne lui confèrent pas de réel tempérament.
Nos essais du C4 Picasso
Après le Renault Scénic qui inaugura en 1996 le tout nouveau segment des monospaces compacts, le Citroën Xsara Picasso (issu de la berline Xsara) deviendra, en 1999, un incontournable du segment. Il sera ensuite remplacé par le C4 Grand Picasso, commercialisé en 2006, d’abord proposé en version 7 places. Le C4 Picasso 5 places arrivera un an plus tard. Pour 2013, Citroën a complètement revu sa copie et, si le nom reste le même, tout change sur le véhicule, des dessous à l’habillage. Le C4 Picasso inaugure en effet la toute nouvelle plate-forme évolutive EMP2 du groupe (qui sera ensuite reprise sur un utilitaire de la marque, sur les prochaines Peugeot 308 et RCZ et même sur le futur Opel Zafira suite à un partenariat). L’utilisation de cette toute nouvelle plate-forme à la fois plus rigide et plus légère ne se voit qu’au niveau des fixations inférieures des amortisseurs arrière, qui sont désormais installés en position verticale et font apparaître de disgracieuses protubérances sous le véhicule.
Qualité de vie à bord
L’intérieur est aussi revu de fond en comble. À commencer par la mise aux oubliettes du fameux (et pratique) volant à moyeu fixe apparu sur l’ancienne génération (la C5 reste donc la seule voiture de Citroën à utiliser encore cette configuration). Donc, ici, place à un volant traditionnel, aux commandes un peu trop nombreuses à notre goût et qui demanderont un peu d’habitude. En effet, entre les mollettes qu’il faut tourner pour sélectionner une tâche puis enfoncer pour entrer dans le menu concerné, les boutons de la radio, du régulateur de vitesse, du système Parc-Assist… ce sont plus de 15 actionneurs qui sont répartis de part et d’autre du volant sur deux niveaux ! Heureusement, tout s’arrange avec l’innovante console centrale entièrement tactile.
Un écran de 7’’, associé à 7 boutons sensitifs (pas de « clic », pas de rotation… un simple toucher suffit à les activer), permet de gérer les fonctions de confort et d’aide à la conduite (climatisation bi-zone conducteur et passager, navigation, système audio, téléphone, configuration de l’affichage supérieur, aides à la conduite et services connectés). Cet écran est bien situé et le conducteur pourra facilement gérer les différents paramètres. Un deuxième grand écran central, placé en partie haute de la planche de bord, est personnalisable : couleur, formes de l’affichage du compteur, informations de l’ordinateur de bord et même insertion d’une photo personnelle, autant de paramètres qui peuvent être modifiés du bout des doigts. Et cela assez facilement, de façon intuitive. Attention toutefois à ne pas se laisser piéger par ce côté ludique et à ne pas manipuler les différents affichages en roulant. L’habitacle est également bien assemblé, avec des matériaux de grande qualité. Aucun jeu, aucune vibration, aucun craquement n’ont été à déplorer sur les presque 50 km parcourus à bord, et cela même sur des routes en mauvais état. Une petite réserve sur le revêtement doré de notre habitacle bi-ton qui semble se marquer facilement. Pour preuve les nombreuses traces noires qui le défiguraient. En cause ? Certainement un passager peu précautionneux qui y aurait déposé ses affaires (type sacoche ou téléphone portable placé dans une housse de protection) sans ménagement. Pour le reste, le C4 Picasso dispose du dernier cri en matière de connectique pour brancher n’importe quelle source de son, le téléphone (bluetooth)… Une prise 220 volts est même à disposition pour recharger tout type d’appareil ou utiliser ceux qui ne fonctionnent pas en 12 volts. L’habitacle du Picasso est aussi modulable à souhait grâce à la présence de trois sièges individuels de même taille. Ils sont toutefois un peu délicats à manipuler, surtout la première fois. Le coffre, dont la commande est électrique, est d’un volume appréciable avec ses 537 litres (630 litres si les sièges arrière sont avancés au maximum) auxquels s’ajoutent les 37 litres disponibles sous le plancher et les 40 litres offerts par les 16 rangements de l’habitacle. Enfin, le seuil de chargement, assez bas, permet de placer facilement les objets dans le coffre.
Au volant
Alternant la place du conducteur et celle du passager durant notre périple, nous avons pu apprécier le repose-mollet et le siège massant (option à 850 € ou de série sur finition Exclusive) : un vrai bonheur pour les longs trajets. Le conducteur n’est toutefois pas en reste avec les nombreux réglages du siège et du volant qui lui permettront de trouver une position de conduite confortable et pas fatigante. Le réglage en hauteur se montrera toutefois insuffisant pour permettre au conducteur de voir correctement l’avant du véhicule. Impossible même d’apercevoir ne serait-ce que le bout du capot ! Heureusement, le radar avant, de série, avertit de la présence proche d’un obstacle. Vers l’arrière, c’est beaucoup mieux et les montants ne gênent pas trop la visibilité. À noter que, dans quelque temps, le constructeur devrait proposer un système de caméras permettant, par reconstruction des images, d’avoir une « vue du ciel » affichant l’environnement total de la voiture. Testé en deux versions, le C4 Picasso s’est montré relativement silencieux et assez agréable à conduire. Les suspensions sont efficaces et maîtrisent parfaitement la prise de roulis, évitant aux passagers d’être ballottés à droite et à gauche. Heureusement car les sièges arrière manquent un peu de maintien latéral. Dommage que, sur des routes très endommagées ou pavées, elles soient moins performantes. Un phénomène qui se remarque – logiquement – plus sur les versions dotées de grandes jantes. Le diesel pris en main est celui qui devrait représenter le plus gros des ventes : le HDi 115. Avec lui, le C4 Picasso n’est pas vraiment un foudre de guerre, mais il remplit correctement son rôle. Bien insonorisé, sauf lorsqu’il faut monter dans les tours pour effectuer un dépassement en côte, il est assez agréable à conduire. Sans plus. Cette mécanique se montre assez sobre avec une moyenne de 6,2 l/100 km. La seconde, la puissante motorisation essence THP de 155 ch est plus vive, même si elle reste tout à fait docile. Avec elle, la consommation moyenne indiquée par l’ordinateur de bord grimpe à 8 l/100 km. Et cela, pour une conduite sur des routes assez sinueuses, qui demande de nombreux changements de rapports. Nous aurions d’ailleurs apprécié la présence d’une boîte de vitesses automatique, mais cette dernière n’arrivera que prochainement sur un futur diesel. Citroën ne semble pas vraiment convaincu par ce type de transmission pourtant fort appréciable aujourd’hui. De même, pas la moindre boîte de vitesses à double embrayage en prévision. Seule une nouvelle mouture de la désastreuse boîte robotisée BPM6 (rebaptisée pour l’occasion ETG6) est disponible. Espérons que les améliorations seront aussi probantes qu’annoncées. Enfin, sur route, nous n’avons pas apprécié le régulateur de vitesse adaptatif. En effet, alors qu’il est censé maintenir une distance de sécurité avec le véhicule qui précède, il se coupe automatiquement lorsque l’écart de vitesse dépasse les 30 km/h. Comme il n’agit pas sur les freins pour ralentir le véhicule, il n’a alors pas la capacité de ralentir fortement. Ainsi, si un camion déboîte devant vous, le système se coupe ! C’est un peu déroutant.
Sécurité
Système Parc-Assist permettant de garer la voiture sans toucher le volant, avertissement de franchissement de ligne, surveillance des angles morts, alerte de risque de collision, surveillance de la pression des pneus, gestion des feux de route automatique, ceintures de sécurité actives à l’avant, climatisation automatique bi-zone… autant de systèmes qui, selon les finitions et les options, aident à la sécurité et au confort de conduite. Le C4 Picasso est ainsi un des mieux lotis en termes d’équipement d’aide à la conduite. Notre prochain crash test, réalisé au sein de l’Euro NCAP, démontrera si tous ces attributs lui permettront de bien passer notre dure épreuve.
Le C4 Picasso est disponible en quatre niveaux de finitions : Attraction, Confort, Intensive et Exclusive. Le premier prix, une version essence, le VTi 120 Attraction, est de 23 050 €. En diesel il faut compter au minimum 24 250 € pour le C4 Picasso HDi 90 Attraction. Les prix grimpent ensuite jusqu'à 31 150 € en essence et 32 600 € en diesel. Cela reste très légèrement en deçà de la gamme du Renault Scénic qui débute à 23 150 € (Energy TCe 115 ch Authentique) ou d’un Mercedes Classe B (à partir de 25 900 € pour un Classe B 180 122 ch). Mais de nombreux modèles sont plus avantageux, à commencer par le Ford C-Max (22 300 € C-Max 1.0 EcoBoost 100 ch Trend), ou encore le Kia Carens dont le premier modèle essence s’affiche à 21 600 € (1.6 GDi 135 ch Motion). Précisons toutefois que ce dernier n’offre pas tout à fait le même niveau de prestation en termes de qualité des matériaux et d’aide embarquée.
Le C4 Picasso en résumé
D’un très haut niveau de qualité, doté d’un équipement technique très complet, le C4 Picasso monte d’un cran sur tous les tableaux. Et cela sans que les prix ne s’envolent par rapport à la précédente génération. Sa tenue de route est appréciable et la voiture ne prend pas trop de roulis sur routes sinueuses. Dommage que la filtration sur une route très dégradée, ou pavée, manque de souplesse. Sa prise en main est en outre très aisée grâce à ses commandes tactiles intuitives. Ce qui est moins le cas pour la manipulation des sièges arrière qui s’avèrent un peu compliqués à retirer.
Les +
Tenue de route
Moteurs agréables
Qualité de fabrication
Design
Les –
Suspensions sèches sur routes pavées
Bruits aérodynamiques aux places arrière
Visibilité vers l’avant
Régulateur de vitesse adaptatif