Yves Martin
Citroën C4 (2020)Premières impressions
Croisement entre une berline et un SUV, la nouvelle Citroën C4 au style novateur joue la carte de l’originalité. Si elle s’avère très confortable et spacieuse, on regrette néanmoins des choix peu judicieux comme un mode d’affichage ancestral du GPS et une instrumentation minimaliste.
Il n’est pas rare de constater qu’un constructeur qui renouvelle un modèle phare de sa gamme se montre timide sur les changements de style pour ne pas dérouter sa clientèle. Mais avec la nouvelle C4, Citroën y va franchement et propose une véritable révolution : des bouleversements qui collent à la peau de la compacte. Berline rondouillarde en 2004, elle se décline en monospace en 2006 puis en SUV en 2014 avec la Cactus et en baroudeuse en 2018 sous l’appellation C4 Aircross. La mouture 2021 inaugure une silhouette originale de crossover, un croisement entre un SUV et une berline : la C4 est plus haute qu’une compacte traditionnelle (de 3 à 4 cm) et dispose d’une garde au sol accrue (environ 7 cm de plus). Et, si la robe change, les dessous aussi, du châssis à l’habitacle en passant par les motorisations avec l’adoption, dès le début de la commercialisation en janvier 2021 (la nouvelle C4 peut toutefois déjà être commandée), d’une version électrique : l’Ë-C4.
Qualité de vie à bord
Comme l’extérieur, le style intérieur change radicalement. Il ne fera peut-être pas l’unanimité, mais il faut lui reconnaître un certain modernisme. Dommage, il n’est pas très gai, limite tristounet. L’ensemble est toutefois très bien réalisé ; les matériaux, agréables au toucher, sont de qualité et très bien assemblés même si la réalisation peut sembler un peu complexe, notamment au niveau de l’écran central. On remarque assez rapidement un bon point : Citroën a enfin décidé d’installer des commandes de chauffage et de climatisation au niveau de la console centrale. Cette meilleure accessibilité évite de devoir farfouiller dans le menu de l’écran central pour changer les réglages.
Le niveau d’ergonomie générale est plutôt bon ; il sera facile de trouver ses marques et de gérer toutes les fonctionnalités. Les nouvelles commandes au volant sont simple et faciles à appréhender. On regrette en revanche que le constructeur n’ait pas intégré un système de navigation moderne car le design de la carte est dépassé et, comme sur la Peugeot 3008, l’affichage n’occupe pas toute la largeur de l’écran.
Autre choix étrange du constructeur (sur les trois derniers niveaux de finition), le combiné d’instruments réduit à sa portion congrue sur un écran de 5 pouces où les informations sont affichées sommairement. Pas de possibilité de reporter la carte de navigation, pas de modification de design… De ce côté, la C4 est résolument en retrait de certaines concurrentes plus « techno ». Ce choix est justifié, selon le constructeur, par la présence d’un affichage tête haute en couleurs qui fait apparaître toutes les informations nécessaires dans le champ de vision du conducteur. Selon lui, cela ne nécessitait donc pas de disposer d’un combiné plus sophistiqué.
On trouvera un peu de modernisme avec l’application My Citroën qui permet de gérer beaucoup de fonctions, notamment sur le modèle électrique. Il est par exemple possible de préconditionner l’habitacle (mise à température été comme hiver), ce qui évitera d’avoir à trop utiliser par la suite le chauffage ou la climatisation au risque de limiter l’autonomie. On peut aussi programmer la charge pour bénéficier d’un tarif avantageux (heures creuses).
Avec 4,36 m, la nouvelle C4 est plus longue qu’une Volkswagen Golf ou qu’une Peugeot 308 et offre, logiquement, une meilleure habitabilité. C’est surtout à l’arrière que cela se ressent : l’espace disponible pour les jambes est très appréciable. À noter que toutes les versions disposent de la même habitabilité et du même volume de coffre. En effet, l’implantation des batteries, prévue dès le début de la conception, n’empiète pas sur les volumes intérieurs. La C4 permet ainsi de voyager dans d’excellentes conditions et même trois occupants à l’arrière seront correctement installés. Nous avons vraiment apprécié les sièges Advanced Comfort qui assurent un très bon confort. Il est dommage qu’ils ne soient proposés que sur les trois derniers niveaux de finition (Feel Pack, Shine et Shine Pack). En revanche, pour le conducteur, nous avons regretté que la molette de réglage de l’inclinaison du dossier soit placée aussi en retrait : cela complique un peu le réglage du siège.
L’habitacle est agréable à vivre et offre des rangements appréciables, comme ce tiroir placé au-dessus de la boîte à gants pour les petits objets que l’on ne sait jamais où mettre. Citroën propose aussi d’y installer un support original accueillant une tablette numérique pour distraire le passager avant.
Au volant
La gamme de moteurs de la nouvelle C4 répondra à tous les besoins en proposant de l’essence (5 versions de 100 à 155 ch), du diesel (2 blocs de 110 ou 130 ch) et de l’électrique (136 ch avec une batterie de 50 kWh). Nous avons eu l’occasion de conduire le bloc essence de 130 ch associé à la boîte de vitesses automatique EAT8 ainsi que la version électrique.
Le moteur à essence, bien connu, devrait représenter le plus gros des ventes de la nouvelle C4. Il est agréable à conduire et assez silencieux. Son plus gros défaut est un manque de fluidité juste avant que le véhicule s’arrête, avec l’apparition de vibrations (comme si on allait caler). On a l’impression que le système Stop&Start et la boîte de vitesses EAT8 gèrent mal cette phase. Le redémarrage n’est pas non plus très fluide.
Le conducteur a le choix de gérer lui-même le passage des vitesses via les palettes au volant. Dans ce cas, il faut savoir que, contrairement à d’autres voitures, la boîte de vitesses ne reprend pas la main pour passer une vitesse lorsqu’on arrive en zone rouge. Le conducteur reste seul décisionnaire, comme avec une boîte manuelle. Pour le reste, le duo s’est montré agréable, assurant le répondant nécessaire pour évoluer en toute quiétude. Côté consommation, sur un trajet de routes de campagne avec un peu de roulage en ville, l’ordinateur de bord nous indiquait une moyenne de 7 l/100 km. C’est dans la moyenne.
Notre prise en main de la version électrique, dotée de la même mécanique que la Peugeot e-2008, s’est avérée agréable. La puissance permet de bonnes accélérations pour s’insérer facilement dans le trafic et la vitesse bridée à 150 km/h ne pose aucun souci en France. Avec une consommation électrique moyenne affichée à 18,1 kWh/100 km, l’autonomie totale s’établie à 276 km. C’est en dessous des 350 annoncés par le constructeur.
Sur la route, la nouvelle C4 est quasiment un modèle de confort. Lorsque le revêtement est propre, on évolue dans un véritable salon roulant, sans secousses ni bruit. Même si la route se dégrade, les suspensions filtrent très bien les différentes irrégularités et on conserve un très bon niveau de confort. Le revers de la médaille est que, lorsque le rythme s’accélère un peu et que la route devient sinueuse, on perd en agilité et un peu en précision de conduite : la direction, très douce et agréable en ville, manque alors de ressenti. Bien que les deux modèles ne disposent pas du même train arrière (il a fallu l’adapter sur la version électrique), le comportement routier reste quasiment identique et il devient très difficile de faire une différence. Sur la route, il nous a fallu un peu de temps pour s’habituer à la présence du becquet arrière qui masque légèrement le champ de vision. Ce sera un peu plus gênant en ville au moment d’effectuer une manœuvre.
Sécurité
Avec plus de 20 aides à la conduite et équipements de sécurité, le niveau de sécurité de la C4 est dans l’air du temps pour le segment des compactes. Si le panel est très complet, cette Citroën ne propose toutefois rien d’extraordinaire par rapport à la concurrence.
La Citroën C4 en résumé
Le style original de la nouvelle C4 pourrait ne pas séduire tout le monde, mais il a le mérite de sortir de l’ordinaire. Cette compacte offre un niveau de confort quasi inégalé dans le segment, ainsi qu’une habitabilité appréciable. Des arguments qui font oublier les détails décevants comme le GPS et le combiné d’instruments en retrait.
Côté tarifs, la Citroën est plutôt bien placée : de 20 900 à 32 300 € pour les versions à moteur thermique et de 35 600 à 38 800 € (hors bonus et aide) pour l’électrique. C’est moins cher qu’une Kia XCeed, un modèle proche en termes de style mesurant 3,5 cm de plus, qui s’affiche de 24 990 à 37 590 € (moteurs thermiques) et de 36 490 à 41 190 € (en hybride rechargeable – la XCeed n’est pas proposée en version 100 % électrique). Et si on la compare à des berlines « normales », la C4 reste plus abordable qu’une Renault Mégane (à partir de 22 500 €) ou une Peugeot 308 (à partir de 24 300 €).
Les +
Ligne
Confort
Habitabilité
Agrément d’utilisation
Version électrique
Les –
Stop&Start
Affichage du GPS
Champ de vision arrière