Anne-Sophie Stamane
Beaucoup d’incertitudes
Alors que la vente de cigarettes électroniques explose, on ne sait toujours pas si les composés utilisés sont toxiques, et si ce substitut peut être une méthode utile de sevrage tabagique.
Difficile d’échapper au phénomène, tant les boutiques ont fleuri, ces derniers mois, partout en France. La cigarette électronique n’est plus cantonnée à Internet, elle a désormais pignon sur rue. Et elle rencontre un vif succès. Pour autant, son utilisation reste entourée d’un épais mystère. Est-elle sans risque pour la santé ? Est-elle utile dans le sevrage tabagique ? Deux questions fondamentales qui n’ont pas de réponse pour le moment. Pour une raison simple : la cigarette électronique n’est pas considérée comme un médicament en raison de sa faible concentration en nicotine. L’évaluation de son efficacité et de sa dangerosité n’entre donc pas dans le champ de compétences de l’Agence du médicament (ANSM). De son côté, la Répression des fraudes (DGCCRF) ne vérifie que l’étiquetage et la composition du produit.
Pour pallier ce manque d’informations solides, Marisol Touraine, ministre de la Santé, a commandé une enquête à ses services, afin d’établir, enfin, le rapport bénéfice-risque de la cigarette électronique. En attendant les résultats, elle reste autorisée. D’autres pays, comme le Brésil, ont, par précaution, préféré l’interdire.
Sur le fond, il faut donc s’en tenir à l’analyse superficielle de l’Agence du médicament datant de 2011. Sans vraiment s’avancer, elle déconseillait l’utilisation de la cigarette électronique, se contentant de rappeler que la nicotine qu’elle contient est classée « substance très dangereuse » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Mais elle ne se prononçait pas sur les autres composés de la cigarette électronique, notamment le propylène glycol ou le glycérol, des solvants qui, chauffés, produisent la vapeur inhalée par l’utilisateur.
En l’état actuel des connaissances, un « vapoteur » ignore donc les effets sur sa santé de ce qu’il inhale. Certains pensent que ça ne peut être pire que la fumée de cigarette et ses dizaines de composés toxiques, et que la cigarette électronique constitue, pour un fumeur, un substitut valable. D’autres mettent en avant le risque que la cigarette électronique constitue, pour les plus jeunes notamment, une porte d’entrée ludique vers le tabagisme.