Élisa Oudin
Charges de copropriétéLe poids colossal de l’énergie et des travaux de rénovation
Inflation des charges courantes, explosion des prix des énergies, obligation d’entreprendre des travaux de rénovation, notamment énergétique… les charges pleuvent sur les copropriétés.
Difficile fin d’année pour de très nombreuses copropriétés en France. Les charges des immeubles collectifs ont en effet, en moyenne, grimpé de 10 % en 2023, par rapport à l’année précédente. Ce sont les copropriétés chauffées au gaz collectif qui ont constaté les plus fortes hausses : 30 % d’augmentation en un an, selon l’Observatoire des charges de l’Association des responsables de copropriété (ARC). Cela, malgré l’extension du bouclier tarifaire de l’État aux immeubles collectifs chauffés au gaz. À noter que ce bouclier se termine à la fin de l’année, les prix du gaz ayant chuté pour atteindre des taux proches de ceux d’avant 2022. Pas de baisse de prix prévue en revanche pour l’électricité. Conséquence, le bouclier tarifaire de l’État en matière d’électricité, qui a été élargi depuis le début de l’année aux copropriétés chauffées collectivement à l’électricité, devrait être maintenu jusqu’en 2025. Il permet de geler l’augmentation des tarifs de l’électricité à 15 % (au lieu de 120 % cette année).
Les coûts de l’énergie ne sont malheureusement pas les seules dépenses à flamber. Les copropriétés équipées en chauffage individuel ont, elles aussi, vu leurs charges croître de 6,39 %, selon l’ARC. La hausse était de 4,84 % sur la période 2021-2022. À côté des contrats d’électricité, ce sont en particulier les prix des contrats d’entretien et d’assurance qui ont le plus flambé.
Les travaux de rénovation énergétique tombent mal
Et la situation ne devrait pas s’améliorer tout de suite, en raison notamment de la poursuite de l’inflation et du poids des catastrophes naturelles sur les compagnies d’assurance. Dans ce contexte, les nouvelles obligations pour les immeubles collectifs en matière de rénovation énergétique tombent au plus mal. Rappelons que les copropriétés ont l’obligation de faire réaliser un diagnostic de performance énergétique (DPE) suivi par l’adoption d’un plan pluriannuel de travaux (PPT) d’ici fin 2024 pour les copropriétés de plus de 200 lots, fin 2025 pour celles affichant entre 50 et 200 lots et fin 2026 pour celles de moins de 50 lots. Mais la situation constatée par l’UFC Que-Choisir dans le secteur de la rénovation énergétique des logements individuels ne rassure pas vraiment. Les enquêtes de l’association, corroborées par celles des pouvoirs publics, montrent en effet que les trois quarts des travaux réalisés ne permettent pas d’améliorer l’étiquette énergie des logements, malgré un coût moyen de près de 12 000 €. Dans ce contexte, les copropriétés doivent se montrer particulièrement vigilantes sur le choix de leur diagnostiqueur (bureau d’étude, thermicien, diagnostiqueur immobilier). Il ne faut absolument pas se contenter des propositions du syndic, mais se mettre soi-même à la recherche du meilleur professionnel. On pourra par exemple interroger un cabinet d’architectes avec qui la copropriété a l’habitude de travailler, ou sur lequel elle aura récolté de très bons retours.