par Audrey Vaugrente
CBDLe cannabidiol, toxique pour la reproduction ?

Souvent utilisé pour soulager les douleurs, les troubles du sommeil ou encore l’anxiété, le cannabidiol (CBD) est encore mal encadré. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) propose justement de le classer officiellement comme toxique pour la reproduction.
En résumé
- L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) envisage de classer le cannabidiol (CBD) comme « présumé toxique pour la reproduction humaine ».
- Des études ont montré un passage du CBD de la mère au fœtus et dans le lait maternel.
- La prise de CBD est susceptible d’interagir avec d’autres médicaments et d’en diminuer l’efficacité ou d’en augmenter la survenue d’effets indésirables parfois graves.
Environ 1 personne sur 6 a déjà testé le cannabidiol (CBD) en France. Il faut dire que, depuis son explosion en 2021, ce produit issu du chanvre (Cannabis sativa) est disponible sous toutes les formes, ou presque : liquides de vapotage, cosmétiques, produits alimentaires, huiles… Et quasiment partout. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), 1 500 boutiques spécialisées distribuent ces produits, mais aussi les buralistes, pharmacies et supermarchés. Pourtant, le CBD ne bénéficie toujours pas d’une évaluation européenne concernant ses risques pour la santé humaine et pour l’environnement.
L’Anses a donc pris les devants et proposé à l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) de classer cette substance comme « présumée toxique pour la reproduction humaine ». En effet, plusieurs études ont montré un passage du CBD de la mère au fœtus et une excrétion dans le lait maternel. Avec quel effet sur la santé ? Une augmentation de la mortalité périnatale chez le rongeur, ainsi qu’un petit poids à la naissance, et des troubles du neurodéveloppement. Un impact négatif sur la fertilité, notamment la spermatogénèse, a aussi été observé. À la lumière de ces éléments, l’Anses considère donc que le CBD devrait être reconnu comme potentiellement nocif à la fertilité, au fœtus et aux bébés nourris au lait maternel.
Avis d’un médecin
Cette alerte s’ajoute à celle de l’Agence de sécurité du médicament (ANSM), survenue plus tôt en mars. « Entre 2017 et 2023, les centres antipoison ont recensé 58 cas d’interactions entre médicaments et CBD, survenus après consommation de produits contenant du CBD », soulignait-elle alors. Parmi eux, 4 cas graves survenus entre 2021 et 2022. De fait, comme beaucoup d’options dites « naturelles », le CBD est une substance active. Elle est donc susceptible d’interagir avec divers médicaments, en augmentant la survenue d’effets indésirables ou en diminuant leur efficacité. Il est donc utile de demander l’avis d’un médecin avant d’en prendre, en particulier en cas de pathologie chronique.
Audrey Vaugrente