Camille Gruhier
Casques véloPort du Kask déconseillé !
Bien qu’il ne soit pas obligatoire, les cyclistes ont pris le réflexe de porter un casque pour renforcer leur sécurité à vélo. Sans doute séduits par sa visière et son look résolument urbain, des milliers d’entre eux ont choisi le Kask Urban Lifestyle à 150 €. Pourtant, nos tests en laboratoire révèlent que ce casque protège beaucoup moins bien que d’autres modèles vendus moins cher.
Difficile de le rater quand on prête attention au casque vélo des cyclistes urbains. Avec une croissance de 1 100 % entre 2015 et 2021, le Kask Urban Lifestyle s’est hissé parmi les casques de vélo les plus populaires en France et ailleurs en Europe. Il faut dire que son design réussi, avec ses formes rondes, ses couleurs vives, sa jugulaire en cuir et sa visière offrant une protection UV, rend les modèles de la concurrence un peu ringards. Une chose est sûre, son succès n’est pas dû à son prix : même à 149 € (il coûtait 199 € lors de son lancement), le Kask Urban Lifestyle reste l’un des modèles les plus chers du marché. En 2021, les 2,7 millions de casques vendus en France affichent un prix moyen de 38 € (source Union Sport & Cycle, avril 2022). Un bon point quand même pour ce Kask : il est fabriqué en Italie, à Bergame (Lombardie).
Un beau casque vendu au prix fort… C’est logiquement avec le sentiment d’être bien protégés tout en préservant leur look que les cyclistes convaincus s’élancent sur les routes. Hélas, ils se trompent. Lors de notre dernier test de casques de vélo pour adultes, nous avons mis 12 nouveaux modèles à l’épreuve (portant à 33 le nombre total de casques évalués). Et le Kask Urban Lifestyle est arrivé… bon dernier des nouveautés. En cas d’accident, le cycliste a presque 1 chance sur 2 d’être sévèrement blessé. Le risque de blessure grave atteint en effet 47 %, nettement supérieur à tous les autres. Plusieurs casques vendus moins cher (40, 60 ou 105 €) présentent un niveau de risque inférieur. Et ce risque tombe à 18 % avec le meilleur du test, vendu 100 €.
Il faut préciser que nos tests ne suivent pas la norme applicable, car elle n’est pas représentative des accidents tels qu’ils se produisent dans la vie réelle. En collaboration avec le laboratoire ICube de l’université de Strasbourg, dirigé par le Pr Rémy Willinger, les casques ont été évalués selon une méthode qui prend aussi en compte des chutes sur surface penchée, et pas seulement sur surface plane. Ce type de choc, qui provoque une rotation de la tête et occasionne des lésions neurologiques spécifiques, s’avère plus conforme à ce qui se passe lors d’une collision.
Le mauvais résultat de ce Kask cache toutefois une nouvelle plutôt rassurante : si, lors des chocs à 20 km/h tels que nous les simulons, les commotions cérébrales sont parfois inévitables avec certains casques, tous réduisent considérablement les risques de fracture du crâne. Attention, l’efficacité d’un casque ne doit pas non plus être surestimée : quand on est renversé par une voiture, aucun n’est assez solide pour absorber l’énergie de l’impact avec un véhicule de plus de 1 tonne, même à 50 km/h.
Le Kask Lifestyle en résumé
- Risque important de commotion de 47 %, soit « une étoile » pour l’appréciation du risque
- Pas de risque de fracture du crâne
- Très prisé en raison de sa ligne travaillée
- Prix : 150 €
Droit de réponse de la société Kask en date du 17 octobre 2022
« Kask souhaite réagir à l'article gravement préjudiciable, erroné et trompeur intitulé "Casques vélo - Port du Kask déconseillé !" publié le 18 juillet 2022 sur le site www.quechoisir.org (https:j/www.quechoisir.org/actualite-casques-velo-port-du-kask-deconseille-n102172/).
Kask est une entreprise active dans le monde entier dans le développement, la conception et la fabrication de casques de sécurité de haute qualité et à la pointe de la technologie dans tous les domaines d'utilisation, du ski au cyclisme, de l'alpinisme à l'équitation, des services de secours au secteur de la sécurité.
Kask s'est toujours engagée à offrir à ses clients d'excellents produits en termes de confort, d'innovation technologique, de sécurité et de design.
En termes de sécurité, les produits Kask sont conformes aux exigences et aux méthodes d'essai définies par la norme européenne EN 1078 pour les casques fabriqués pour les utilisateurs de vélos, planches à roulettes et patins à roulettes.
Ce n'est pas tout. Kask est également allée au-delà de toutes les exigences définies par les normes et les standards internationaux et ce dans tous les secteurs où elle est active, ceci dans une quête permanente d'amélioration de la qualité et de la sécurité de ses produits.
En effet, nos casques sont fabriqués conformément à un protocole interne développé par Kask nommé « KASK ROTATIONAL IMPACT WG11 », qui, par le biais d'une méthode objective basée sur des sources scientifiques, mesure le comportement des casques par rapport aux impacts dits rotatifs.
Les casques Kask ont été mis à l'épreuve du test « KASK ROTATJONAL IMPACT WG11 », réalisé dans un laboratoire indépendant et accrédité qui utilise un algorithme défini Br/C (Brain Injury Criteria), qui détermine le niveau des lésions cérébrales en cas d'accident, dont la valeur doit être inférieure à 0,68.
Tous les casques Kask ont passé ce test, rapportant des valeurs nettement inférieures.
Pour plus d'informations, veuillez consulter la page consacrée au KASK ROTATIONAL IMPACT WG11 sur notre site Internet, disponible au lien suivant : https://www.kask.com/fr/securite.htm.»
La réponse de Que Choisir
Nous maintenons chaque mot publié dans cet article. Qu’un fabricant de casques de vélo qui obtient de mauvais résultats dans notre test réagisse n’a rien de surprenant. Le Kask Lifestyle s’est néanmoins avéré moins protecteur que 31 des 33 casques de notre test publié le 20 mai 2022. Dans sa réponse, Kask cite son protocole interne « Kask rotational Impact WG11 ». La dénomination « WG11 » fait référence au groupe de travail CEN TC158-WG11 qui tente de mettre en place une nouvelle norme pour les casques depuis 2014. Le protocole de Kask repose donc sur des documents de travail, en aucun cas sur une norme validée. Notre laboratoire indépendant, via le protocole Certimoov, propose des critères et des mesures du risque plus réalistes. Un exemple parmi d’autres : il utilise une fausse tête intégrant des moments d’inertie en rotation en plus de simples chocs linéaires. Ces dissonances révèlent toute la difficulté des experts à s’entendre sur une norme. En attendant, nous avons choisi de baser nos tests sur le protocole le plus juste et le plus sécuritaire.