Arnaud Murati
Carte griseEn hausse de 11 % en France métropolitaine
Alors que la plupart des régions font flamber le prix du cheval fiscal cette année, l’État a décidé d’y consacrer moins d’argent en cessant les envois de certificats par courrier recommandé. Ce qui ne remet nullement en cause la redevance d’acheminement. Explications.
La carte grise, ou plutôt le certificat d’immatriculation comme il se doit de le nommer, fait partie du nerf de la guerre pour les régions. Il s’agit de l’une des rares ressources qui profite directement et dans son intégralité à leurs finances. Ainsi, dans un contexte financier plutôt tendu pour les collectivités locales comme pour l’État, 7 régions sur les 13 que compte la France métropolitaine ont décidé de renchérir leur tarif en 2025.
La plus forte hausse sur 1 an est à mettre sur le compte de la Corse (voir tableau). De 27 € en 2024, le cheval fiscal a grimpé à 43 € en 2025, soit + 59,2 %. Mais outre la Corse, la région Normandie a elle aussi fait état d’une belle hausse, avec un passage de 46 € à 60 € le cheval, ce qui revient à une progression de 30,4 % sur 1 an. La Normandie avait pourtant déjà augmenté son tarif en 2024 ; sur 2 ans, le prix du cheval fiscal a ainsi flambé de 71,4 % du côté de Rouen comme de Caen ! « Il s’agit d’une ressource qui est tendanciellement en baisse constante, et dont le produit n’a jamais retrouvé son niveau d’avant-Covid. En 2019, la région avait récolté 109 M€ de recettes. En 2023, le produit perçu était de 82 M€, soit une baisse de près de 25 % en 4 années », explique le conseil régional, qui justifie aussi son choix de porter le prix du cheval à son maximum légal de 60 € par la volonté d’endiguer « l’érosion des recettes régionales », puisque renchérir les cartes grises « devrait permettre d’encaisser un produit de 162 M€ au budget 2025, soit + 36 M€ par rapport au budget 2024, et contrecarrer ainsi la baisse de TVA ». Mais la Normandie souhaite de surcroît « garder une épargne brute suffisante pour continuer à investir dans les transitions écologiques, notamment dans les investissements ferroviaires », fait-elle savoir.
Gratuité pour les véhicules électriques
La hausse des tarifs des 7 régions métropolitaines se justifie en outre par le fait que la gratuité des cartes grises accordée aux véhicules électriques ou à hydrogène représente un véritable manque à gagner pour les collectivités locales. Selon un document de présentation du budget 2025 de la région Occitanie, le « manque à gagner sur les cartes grises dû à l’exonération des véhicules électriques décidée par l’État » s’est révélé à hauteur de 14,4 M€ en 2023 et de 19 M€ en 2024. La région prévoit encore un trou de 12 M€ en 2025 à cause des immatriculations de voitures électriques ! Toulouse et son exécutif régional n’ont donc même pas attendu 2025 pour augmenter le prix du cheval fiscal : au 1er octobre 2024, celui-ci est passé de 47 € à 54,5 € dans une relative discrétion. Il ne faudrait d’ailleurs pas s’étonner que d’autres régions prennent une décision identique au cours de l’année 2025. Contactée, la région Bourgogne-Franche-Comté indique qu’elle votera son budget annuel « autour du 20 mars » et que les orientations de celui-ci sont actuellement en discussion.
Le prix moyen du cheval fiscal métropolitain est donc de 53 € en 2025, contre 47,8 € en 2024 (+ 11 %). À noter que le département de La Réunion a d’ores et déjà annoncé une hausse de 51 € à 57 € du cheval pour 2025, il s’agit pour l’instant de la seule collectivité ultramarine à avoir fait un tel choix.
Redevance d’acheminement à 2,76 €
Si les automobilistes paieront donc plus cher leurs frais d’immatriculation en 2025, l’État s’en tire pour sa part à bon compte. Par deux arrêtés publiés respectivement les 13 et 16 décembre 2024, l’Administration a annoncé qu’elle ne transmettrait plus les cartes grises et permis de conduire par voie de courrier recommandé afin d’économiser entre 15 et 20 millions d’euros. Ces précieux documents arriveront dans les boîtes aux lettres comme de simples courriers suivis. La volonté de l’État est claire d’après les premiers mots de l’arrêté concernant le certificat d’immatriculation : « Dans le cadre d’une situation budgétaire contrainte… » Demeure une seule question, toutefois. Pourquoi les simulations d’immatriculation sur le serveur de l’État continuent-elles d’annoncer la perception d’une « redevance d’acheminement » à 2,76 € alors même que l’envoi de courriers recommandés a déjà cessé ?
Prix du cheval fiscal par région
Région | 2025 | 2024 | Variation |
Hauts-de-France | 36,2 € | 36,2 € | - |
Normandie | 60 € | 46 € | + 30,4 % |
Île-de-France | 54,95 € | 54,95 € | - |
Grand Est | 60 € | 48 € | + 25 % |
Bretagne | 60 € | 55 € | + 9 % |
Pays de la Loire | 51 € | 51 € | - |
Centre-Val de Loire | 60 € | 55 € | + 9 % |
Bourgogne-Franche-Comté | 55 € | 55 € | - |
Nouvelle-Aquitaine | 53 € | 45 € | + 17,7 % |
Auvergne-Rhône-Alpes | 43 € | 43 € | - |
Occitanie | 54,5 € | 54,5 € | - |
Provence-Alpes-Côte d’Azur | 59 € | 51,2 € | + 15,2 % |
Corse | 43 € | 27 € | + 59,2 % |
Prix moyen | 53 € | 47,8 € | + 11 % |
Certaines augmentations ne seront effectives qu’au 1er février 2025.