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Cancer de la thyroïdeSurdiagnostic massif

Une étude parue en août dans le New England Journal of Medicine évalue à plusieurs dizaines de milliers les cas de surdiagnostics de cancer de la thyroïde en France ces vingt dernières années.

Le surdiagnostic dans le cancer de la thyroïde, essentiellement chez les femmes, est un phénomène reconnu : il s’agit du diagnostic de tumeurs indétectables à la palpation, qui n’auraient pas évolué vers la maladie ou le décès, mais qui, dépistées très petites grâce à des examens poussés, occasionnent des traitements lourds. En l’occurrence, l’ablation totale de la thyroïde et la prise à vie d’une hormone, la levothyroxine. L’étude que vient de publier le New England Journal of Medicine (NEJM) a ceci d’intéressant que, pour la première fois, elle quantifie le surdiagnostic du cancer de la thyroïde dans une dizaine de pays développés. Et il se révèle d’une ampleur insoupçonnée. En France, entre 1988 et 2007, il y aurait eu chez les femmes 46 000 surdiagnostics. Sur une période plus restreinte allant de 2003 à 2007, les auteurs estiment de 70 à 80 % le taux de surdiagnostics ! C’est considérable et cela explique l’épidémie de cancers de la thyroïde qui s’est déclarée dans les années 90.

Le développement des techniques d’investigation, par échographie, IRM ou scanner, et l’incitation au dépistage par les médecins sont à l’origine de cette vague de surdiagnostics. Pour les limiter, les auteurs de l’article préconisent d’éviter le dépistage systématique. Et surtout, de privilégier, en présence d’une tumeur, la surveillance plutôt que la chirurgie systématique. Aux États-Unis, les nouvelles recommandations publiées en 2015 vont dans ce sens. En France, on attend encore que la Haute Autorité de santé (HAS) mette à jour sa position. Pour le cancer de la thyroïde, elle affiche encore la chirurgie comme intervention de référence. L’UFC-Que Choisir l’avait interpellée en 2013 sur ce sujet. Évidemment, ce sont avant tout les pratiques des médecins qui doivent changer, mais les patients ont aussi un rôle à jouer : si votre médecin vous conseille un examen parce qu’il trouve votre thyroïde « un peu grosse », rien ne vous empêche d’émettre des doutes sur cette initiative, chiffres à l’appui !

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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