Anne-Sophie Stamane
Cancer de la prostateLe dépistage toujours en débat
La bataille autour du bénéfice, à ce jour non démontré, du dépistage du cancer de la prostate montre, une fois encore, qu'il importe avant tout d'informer les patients afin qu'ils puissent faire leur choix en connaissance de cause.
Comme chaque année, l'Association française d'urologie (AFU) organise aujourd'hui sa Journée nationale de la prostate. Elle lance à cette occasion une campagne d'affichage d'un goût discutable (Voir le visuel ci-dessous). Mais surtout, elle ravive le débat sur l'intérêt du dépistage précoce, dès 50 ans, du cancer de la prostate. Si le message est un peu moins alarmiste que les années précédentes, le fond du discours reste le même : avant 65 ans, « les bénéfices du dépistage et du traitement sont démontrés », assène l'AFU dans son dossier de presse. Tout homme ayant passé la cinquantaine aurait donc intérêt à accepter régulièrement, et sans broncher, un dosage sanguin (PSA) et un toucher rectal. Suivis d'une biopsie de confirmation en cas de résultats positifs.
Sauf que les données scientifiques disponibles sont loin d'être aussi tranchées. Au point que la Haute Autorité de santé (HAS) a, en juin dernier, de nouveau déconseillé aux pouvoirs publics la mise en place d'un dépistage organisé du cancer de la prostate. Car les deux nouvelles études médicales dont on espérait qu'elles sonneraient la fin de la polémique n'ont pas apporté la preuve d'un quelconque effet du dépistage sur l'espérance et la qualité de vie des hommes. On ne sait toujours pas si les hommes dépistés et éventuellement traités vivent mieux et plus longtemps que ceux qui ne bénéficient pas de la même surveillance médicale. En revanche, les inconvénients du dépistage par PSA et toucher rectal sont bien connus. Il conduit notamment à des « faux positifs », c'est-à-dire à la réalisation de biopsies, parfois à répétition, sur des hommes qui n'ont rien. Non seulement cela génère de l'angoisse inutile, mais la biopsie expose à des risques. Par ailleurs, les opérations chirurgicales de la prostate entraînent incontinence et troubles de l'érection qui grèvent durablement la qualité de vie des patients.
Dans un tel contexte, l'idéal est que les hommes s'informent scrupuleusement des bénéfices et risques du dépistage du cancer de la prostate, en posant les bonnes questions à leur médecin (effets indésirables, taux de mortalité, efficacité du traitement...).