CamifDes commandes jusqu'au bout
À la Camif, rien n'a été fait pour limiter l'ampleur des dégâts. Au contraire, quelques jours avant que la liquidation judiciaire ne soit prononcée, les vendeurs continuaient à engranger les commandes à plein régime.
La liquidation judiciaire de la Camif Particuliers est en train de faire de sérieux dégâts, et pas seulement parmi les salariés du groupe. Difficile de savoir combien ils sont exactement, mais nombreux sont les clients qui en sont réduits à attendre une livraison qui n'arrivera jamais et à espérer qu'ils pourront d'une manière ou d'une autre récupérer les sommes qu'ils ont versées. Certains d'entre eux auraient même dû recevoir depuis longtemps leur commande mais la Camif, prétextant des problèmes d'approvisionnement, avait repoussé à plusieurs reprises la livraison. D'autres ont découvert que leur commande était bien partie des entrepôts de la Camif, mais était bloquée chez le transporteur, ce dernier refusant de mener la livraison à son terme par crainte (justifiée) de ne pas être réglé.
Exaspérées, choquées, les victimes font entendre leur voix sur les forums Internet et auprès des associations locales de l'UFC-Que Choisir. Leur colère est d'autant plus forte que le préjudice est souvent important. Bon nombre d'entre elles ont versé plusieurs milliers d'euros en commandant des meubles, voire des cuisines complètes.
Trésorerie aux dépends des clients
Mais le plus choquant est ailleurs. Alors qu'ils savaient pertinemment que les comptes de la société étaient dans le rouge et que le dénouement fatidique devenait inéluctable, les dirigeants ont laissé les vendeurs engranger les commandes. Moins d'une semaine avant le dépôt de bilan, la Camif tenait un stand à la foire-exposition de Nancy. Elle avait même envoyé largement des invitations et proposait des ristournes de l'ordre de 20 % pour décider les plus hésitants.
Il semble, par ailleurs, que depuis quelque temps, les vendeurs demandaient aux clients de verser la totalité de la somme là où, auparavant, seules des arrhes étaient réclamées. Des clients se seraient même vu refuser en caisse un crédit gratuit en 10 fois accordé par un vendeur.
Ces pratiques ont-elles été délibérées pour accumuler un maximum de trésorerie aux dépens des clients ? Si rien ne permet de l'affirmer, bon nombre de victimes le pensent. En tout cas, une chose est sûre : rien n'a été fait pour limiter l'ampleur des dégâts auprès des clients. Au contraire...
Quelques voies de recours
Récupérer son argent est loin d'être évident. Il existe toutefois quelques pistes à explorer.
1 - Vous avez payé par carte bancaire
Si le paiement a été effectué il y a moins de 70 jours, faites opposition au paiement auprès de votre banque par lettre recommandée avec AR. L'article L.132-2 du code monétaire et financier autorise en effet l'opposition « en cas de perte ou de vol de la carte, de redressement ou de liquidation judiciaires du bénéficiaire ». Néanmoins, certaines banques refusent de rembourser les sommes prélevées, estimant que l'opposition n'est possible que si le paiement a été réalisé après la mise en liquidation. Mais rien, dans le code monétaire et financier, ne permet d'avancer une telle hypothèse. Par ailleurs, à certaines cartes bancaires sont associées des assurances qui prennent en charge le remboursement des sommes versées en cas de liquidation judiciaire. Relisez vos contrats.
2 - Vous avez payé par chèque
Vous pouvez faire opposition auprès de votre banque si le chèque n'a pas encore été encaissé ou s'il a été émis. En effet, comme pour la carte bancaire, la loi permet de faire opposition en cas de redressement ou de liquidation judiciaire lors d'un paiement par chèque (article L.131-35 du code monétaire et financier).
Dans les autres cas (paiement en espèces ou par chèque ou par carte bancaire depuis plus de 70 jours), il ne reste plus qu'à déclarer la créance auprès du mandataire judiciaire:
M. DUTOUR Jean Gilles
4, rue de la Gare
79000 NIORT
Malheureusement, les chances de récupérer son argent dans le cadre de cette procédure sont quasi nulles. (1)
3 - Vous avez souscrit un crédit
La société étant dans l'incapacité de livrer le produit, adressez un courrier recommandé avec accusé de réception à la société de crédit, l'informant de la situation, pour annuler le crédit.
1. Adressez également une copie de votre dossier à la DDCCRF des Deux-Sèvres (21, rue de la Boule d'Or BP511 79022 NIORT Cedex) qui centralise les plaintes.