Arnaud de Blauwe
De l’industriel en vitrine !
Traditionnelles ou totalement réinterprétées, les bûches de Noël se vendent comme des petits pains pendant les fêtes de fin d’année. Et si les boulangers-pâtissiers font place nette dans leurs vitrines pour les accueillir, elles sont très souvent d’origine industrielle.
Diffusée ce soir sur France 5 dans le cadre de l’émission « Les Docs du dimanche » (20 h 50), l’enquête sur les bûches de Noël, à laquelle Que Choisir a participé, va provoquer quelques désillusions chez de nombreux téléspectateurs.
Beaucoup de consommateurs pensent en effet que les traditionnelles bûches, l’un des produits phares des fêtes de fin d’année, vendues dans les boulangeries-pâtisseries sont « faites maison ». Erreur ! Dans la grande majorité des cas, elles ont été fabriquées par des industriels et livrées surgelées en magasin. Le boulanger pouvant néanmoins apporter sa touche personnelle en y plaçant sur le dessus des décorations en plastique (père Noël, sapins…), des feuilles en chocolat ou encore des petits macarons. Il peut aussi y déposer une petite étiquette avec le nom de son magasin, ce qui plaide pour une fabrication maison.
Le phénomène n’est pas propre à la bûche. Comme l’avait révélé une enquête remarquée de Que Choisir publiée il y a deux ans, de nombreux boulangers achètent leurs viennoiseries et gâteaux auprès d’industriels comme Coup de pates, Four à idée… Certains se fournissant même chez Métro.
Certes, vendre des bûches industrielles n’est pas illégal en soi. Pour pouvoir appeler son commerce « Boulangerie », la loi exige que le pain soit fabriqué sur place, sans recours à un ingrédient surgelé. Rien de tel n’est imposé pour les pâtisseries et les viennoiseries. En revanche, un artisan qui affiche que ses bûches sont faites maison alors que ce n’est pas vrai, serait en faute (publicité trompeuse). Il est également tenu d’indiquer par un logo (igloo ou pingouin, sur la vitrine) s’il met en rayon des produits décongelés (information importante pour le consommateur car ils ne doivent pas être recongelés). En pratique, bien peu d’artisans le signalent.
Évidemment, il existe encore des boulangers et pâtissiers qui fabriquent eux-mêmes leurs bûches (le bouche-à-oreille étant la meilleure publicité pour ces derniers). De fait, comment distinguer celles-ci de leurs homologues industrielles qui, au demeurant, peuvent être de qualité ? Difficile de répondre à la question.
Des bûches industrielles plus vraies que nature
Un coup d’œil sur les différents catalogues que nous avons recueillis montrent que l’industrie présente une gamme très étendue de bûches… dont certaines ont effectivement tout l’air d’avoir été « faites maison ». Si dans sa boutique les gammes sont variées et que pour chacune d’entre elles, les bûches sont proposées en quantité… industrielle, il y a dès lors de fortes probabilités qu’elles sortent d’une usine. On peut également faire le tour des boulangeries de son quartier. Et peut-être trouvera-t-on régulièrement les mêmes « modèles » de bûches. Ce qui, là encore, laisse à penser qu’elles sont d’origine industrielle. Bien sûr, il est possible de poser franchement la question au boulanger. Mais, pour des raisons commerciales, il aura en général du mal à reconnaître qu’elles viennent de l’extérieur !
La difficulté à trouver des pâtissiers, les charges de personnels et des règles d’hygiène toujours plus contraignantes, sont les raisons les plus fréquemment évoquées pour expliquer le recours à l’industriel. Avec ces produits, le boulanger regarde aussi à sa marge ! Par exemple, sur catalogue, la bûche individuelle est vendue de 1,50 à 2 € HT (et avant négociation). En vitrine, elle se retrouvera souvent avec un prix public variant de 3 à 4,50 €.