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Bien-être animalLa fin du broyage des poussins mâles a un prix

L’élimination par broyage des poussins mâles sera bientôt de l’histoire ancienne : un décret ministériel est en instance de signature, pour interdire cette pratique au fil de l’année 2022. La filière avicole met en place une alternative qui consiste à déterminer le sexe des embryons dans l’œuf, pour éliminer précocement les mâles. Mais cette technique engendre un surcoût de 1 à 2 centimes par œuf.

Face à la montée des préoccupations en termes de bien-être animal, la filière des œufs se prépare depuis plusieurs années à l’interdiction d’une pratique devenue inacceptable pour les consommateurs : l’élimination par broyage ou gazage des poussins mâles. Un décret du ministère de l’Agriculture est en instance de signature, pour une application progressive en 2022, et une interdiction complète au 1er janvier 2023.

Pourquoi ne pas simplement élever les mâles, dits « frères de poules » dans le jargon de la filière, afin de les manger ? Pas si simple… Ces souches de volailles sont sélectionnées depuis un siècle pour leurs qualités de pondeuses : un rendement de ponte élevé, des œufs du bon calibre et de la couleur recherchée, etc. Une sélection qui se fait au détriment de la capacité à produire de la viande. Résultat, les mâles grossissent si lentement qu’ils ne sont pas rentables à engraisser pour leur chair, d’où le choix de les éliminer à l’éclosion, sitôt que le sexe peut être déterminé.

Trois alternatives au broyage

Face à l’interdiction du broyage, trois alternatives à l’élimination des poussins s’offrent pour la filière :

  • Élever les mâles malgré leur piètre croissance. La filière y travaille, mais les progrès sont lents et le débouché (des petits coquelets à chair ferme) aujourd’hui inexistant. De plus, cet élevage dégrade l’efficacité environnementale de la filière du fait de sa faible productivité.
  • Sélectionner des souches de volailles mixtes qui permettraient d’obtenir simultanément des poules pondeuses et des poulets de chair. Le résultat est décevant car les performances ne sont bonnes ni en ponte, ni en viande. Néanmoins, les entreprises de sélection poursuivent leur travail, pour une échéance à long terme.
  • Réaliser un sexage in ovo pour déterminer le sexe de l’embryon entre le 9e et le 13e jour de développement, afin d’écarter les œufs mâles le plus tôt possible. Deux méthodes ont été mises au point : par dosage d’une hormone dans l’œuf (elle nécessite de traverser la coquille avec une aiguille pour prélever du liquide allantoïdien) ou par analyse optique, à travers la coquille, de la couleur des plumes, sachant que mâles et femelles de la souche brune (1) n’ont pas la même couleur de duvet.

Un surcoût de 1 à 2 centimes par œuf

Le sexage in ovo est la solution la plus rapide à mettre en œuvre. C’est donc vers cette technique que s’oriente la filière avicole. Mais elle a un coût énorme : 56 millions d’euros par an, soit 1 € (méthode optique) ou 3,30 € (méthode hormonale) par poule. Répercuté au consommateur, ce surcoût serait de 1 à 2 centimes par œuf. Un montant acceptable pour les clients sensibles aux conditions de production.

(1) En poules pondeuses, deux souches sont utilisées : la blanche et la brune, en référence à la couleur de leur plumage mais aussi de leurs œufs. Les œufs blancs sont utilisés en restauration hors domicile et en industrie agroalimentaire, tandis que les œufs bruns sont destinés à la vente au détail, les Français préférant cette couleur.

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