Élisa Oudin
BanquesComment mettre son épargne à l’abri ?
La faillite, aux États-Unis, de deux petites banques (Silicon Valley Bank et Signature Bank) les 7 et mars 2023, puis l’effondrement du Crédit suisse le 8 mars, rappellent le spectre de la crise bancaire de 2008. Que risquent les particuliers pour leurs dépôts et leur épargne ? Quelles précautions adopter ? Premiers éléments de réponse.
Les dépôts sur comptes et livrets bancaires
Perdre l’argent placé sur ses comptes, courants ou à terme, ou sur ses livrets d’épargne constitue la première inquiétude des Français. En réalité, c’est le scénario le moins plausible. Certes, une directive européenne du 15 mai 2014 impose un dispositif de renflouement interne, ou « bail-in », pour recapitaliser la banque. Il s’agit de faire payer en premier les actionnaires de la banque, en deuxième les créanciers (obligations bancaires) et, éventuellement, les déposants plutôt que l’État. Mais, outre le fait que tous les dépôts des particuliers inférieurs à 100 000 € sont exemptés de cette procédure de résolution, il est peu probable que celle-ci soit mise en œuvre. Il n’y a qu’à regarder comment se sont réglées les cinq dernières faillites en Europe avant celle du Crédit suisse : les États sont à chaque fois intervenus pour sauver la banque sans lancer de « bail-in ». Un conseil, toutefois : en raison du retour de l’inflation, ne laissez pas d’importants montants dormir sur un compte courant. Privilégiez les livrets les mieux rémunérés.
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Les actions
L’impact sur la Bourse des dernières turbulences bancaires risque d’être plus durable. Actuellement, les cours sont extrêmement volatils. Outre les valeurs bancaires, les actions de bon nombre d’entreprises parmi les plus récentes et les plus endettées font les montagnes russes. Si l’on n’a pas besoin de l’argent investi, mieux vaut ne pas vendre pour l’instant. Tant que l’on conserve ses titres, les pertes ne sont pas définitives. Vouloir sécuriser son épargne aujourd’hui en cédant ses portefeuilles et en déposant les sommes sur des placements à capital garanti risque de faire rater des gains en cas de reprise de la croissance.
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L’immobilier
Le marché, en ralentissement sensible depuis la hausse des taux d’intérêt, pourrait encore pâtir du mouvement de « credit crunch », ou resserrement des prêts accordés par les banques. Certains prédisent déjà un effondrement des prix de l’immobilier et des rendements locatifs. Beaucoup d’experts en doutent cependant, car à l’opposé, ce secteur représente toujours une valeur refuge en période de crise ou de troubles boursiers. En outre, c’est aussi un moyen de ne pas s’appauvrir face à l’inflation (surtout en cas de crédit à taux fixe). Acheter aujourd’hui n’est pas forcément un mauvais calcul, surtout si l’on emprunte et que l’on parvient à négocier. Au contraire, ce n’est pas le bon moment pour vendre.