Anne-Sophie Stamane
Enfin autorisé dans la DMLA ?
Finalement, l’Avastin, équivalent au Lucentis dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) et plus de 20 fois moins cher, pourrait être autorisé dans le cadre d’une recommandation d’utilisation temporaire. La balle est dans le camp de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Le ministère de la Santé fait marche arrière. Un décret est sur le point d’être publié, qui aurait pour conséquence d’autoriser, enfin, l’Avastin (bevacizumab) dans la forme humide de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). La décision finale reviendra toutefois à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Il y a exactement deux ans, la tonalité du côté du gouvernement était toute autre : une circulaire avait été publiée pour, au contraire, interdire formellement aux ophtalmologistes d’utiliser l’Avastin, au prétexte qu’il n’était validé que dans le cancer. Des études déjà bien connues à l’époque avaient pourtant prouvé son efficacité dans la DMLA. Surtout, il était, et est toujours, bien moins cher que le Lucentis (ranibizumab), le traitement officiel : 30 € la dose d’Avastin, contre près de 900 € celle de Lucentis. Le Lucentis était en 2012 le médicament qui coûtait le plus cher à l’assurance maladie : 389 millions d’euros.
Le décret ne mentionne pas explicitement l’Avastin. Il autorise simplement l’ANSM à recourir aux recommandations temporaires d’utilisation (RTU) pour motif économique. Les RTU sont des procédures dérogatoires permettant de prescrire des médicaments en dehors de leurs indications officielles, pour une période de 3 ans et sous surveillance. Dans le cas de l’Avastin, la RTU serait une façon de contourner le refus de Roche, le laboratoire titulaire, de déposer une demande d’autorisation dans la DMLA. Car, paradoxalement, ce dernier n’a pas intérêt à voir se développer l’usage de l’Avastin : même si le Lucentis est commercialisé par Novartis, la société qui l’a développé appartient à Roche. Or le Lucentis a un prix beaucoup plus élevé, il rapporte donc beaucoup d’argent à Roche. L’industriel ne tient pas nécessairement à tuer la poule aux œufs d’or.
En Italie, la semaine dernière, l’autorité de la concurrence a annoncé une amende de 182,5 millions d’euros pour Roche et Novartis. Elle considère que les deux laboratoires se sont entendus pour, précisément, freiner le développement de l’Avastin.