Arnaud de Blauwe
AutomobileDe plus en plus de compteurs trafiqués
De 5 à 12 % des véhicules d’occasion commercialisés dans l’Union européenne feraient l’objet d’une fraude au compteur kilométrique, selon des chiffres rapportés par l’Automobile Club Association (ACA) et la Fédération internationale de l’automobile (FIA).
Ce préjudice pour les consommateurs serait compris, sur toute l’Union européenne (UE), entre 5,6 et 9,6 milliards d’euros. Selon des chiffres de la Commission de Bruxelles, récemment rapportés par l’Automobile Club Association (ACA) et la Fédération internationale de l’automobile (FIA), de 5 à 12 % des véhicules d’occasion vendus dans l’UE aurait un compteur kilométrique trafiqué. En France, on estime que ce fléau toucherait une transaction sur six. L’objectif des vendeurs escrocs : faire baisser le nombre de kilomètres réellement parcourus afin de rajeunir le véhicule, ce qui permet dès lors de pouvoir gonfler son prix de manière artificielle.
À l’origine de cette arnaque qui touche surtout les voitures haut de gamme (les gains potentiels sont plus importants), des garagistes véreux mais aussi des particuliers peu scrupuleux. Leur tâche est facilitée par le développement de l’électronique, très présente dans les véhicules. « Avant, sur les anciens modèles, l’intervention était mécanique et “violente”, note Christian Scholly, directeur de l’ACA. Désormais, il suffit de s’équiper d’un petit appareil librement vendu sur le Web à partir de 150 €. Cela ne prend ensuite que quelques minutes pour faire baisser le nombre de kilomètres effectués. »
Pour l’acheteur, la fraude est difficilement détectable. Certains s’en rendent cependant compte par hasard. En trouvant, par exemple, une vieille facture d’entretien oubliée par le précédent propriétaire du véhicule dans la boîte à gants ou sous un fauteuil. « Et c’est à l’acheteur de prouver que le compteur a été trafiqué, ce qui la plupart du temps passe par une expertise », poursuit Céline Kastner, directrice du service juridique de l’ACA.
Bon sens et prudence au moment de l’achat
Pour limiter le risque de fraude, plusieurs solutions sont envisageables. La première est de renforcer la protection des compteurs dès la conception de la voiture, « ce qui représente un faible coût », assure l’ACA. Il convient en outre de mettre en place une base de données européenne qui permette de tracer la vie de la voiture. Mais les dispositifs de ce type adoptés à l’échelle nationale par certains pays comme la Belgique dès 2006 trouvent leurs limites en cas d’achat transfrontalier. Enfin, il faut sensibiliser le consommateur en l’incitant à la plus grande prudence lors de l’achat d’un véhicule d’occasion.
Ainsi, les grandes routières sont faites pour rouler. Dès lors, si l’annonce mentionne un faible kilométrage par rapport à l’âge du véhicule et un prix trop intéressant, méfiance ! Il faut par ailleurs absolument se faire remettre le carnet d’entretien (gare aux faux, néanmoins !) et interroger le concessionnaire qui s’est occupé de la voiture. Autre conseil, faire parler le vendeur pour détecter des contradictions dans son discours.
Car, en la matière, mieux vaut prévenir que guérir : que ce soit au pénal (tromperie) ou au civil (non-conformité du produit), l’issue d’un recours en justice reste bien incertaine. La presse régionale se fait plus ou moins régulièrement l’écho de garagistes épinglés pour avoir rajeuni des voitures d’occasion mises sur le marché. Mais nul doute que beaucoup d’autres passent à travers les mailles du filet.