Yves Martin
Audi A3 e-TronPremières impressions
La voiture 100 % électrique a du mal à s’imposer faute d’un prix attractif et d’une autonomie suffisante. Résultat, les constructeurs s’orientent vers une alternative : l’hybride rechargeable. C’est le cas notamment d’Audi avec l’A3 e-Tron, que nous avons pris en main.
Rouler en voiture électrique provoque un phénomène anxiogène : la peur de la « panne sèche ». En effet, avec une autonomie généralement située autour des 100 km, il faut vraiment avoir l’œil rivé sur le niveau de charge des batteries. Et cela limite son usage aux centres urbains et à peine péri-urbain, pas question de partir en week-end !
Opter pour un système hybride rechargeable offre donc un compromis intéressant. Il est en effet possible de rouler une petite cinquantaine de kilomètres en mode tout électrique, puis d’effectuer un trajet de plusieurs centaines de kilomètres lorsque le moteur thermique prend le relais. La voiture fonctionne alors comme une voiture classique. Cependant, l’hybride rechargeable reçoit une capacité de batteries réduite par rapport à une voiture 100 % électrique : 8,8 kWh pour l’Audi A3 e-Tron contre 22 kWh par exemple pour la Renault Zoé, modèle 100 % électrique.
Prise en main de l’Audi A3 e-Tron
En dehors de son combiné d’instruments spécifique un peu déroutant lors des premières prises en main tant les informations diffusées sont nombreuses, et des réglages spécifiques à la motorisation hybride, l’Audi A3 e-Tron ne se différencie pas du reste de la gamme. On y retrouve le même sérieux de fabrication et une ambiance intérieure très classe. Extérieurement, les plus avertis remarqueront les jantes et la calandre spécifiques, rien de plus. C’est donc surtout sous le capot que les modifications s’opèrent. L’e-Tron fonctionne en fait sur le même principe que la Golf GTE ou le Mitsubishi Outlander PHEV. Elle dispose d’un moteur à essence 1.4 TFSI de 150 ch (110 kW) associé à un moteur électrique de 102 ch (75 kW). Ce dernier est logé entre le moteur et la boîte de vitesses à double embrayage à 6 rapports, dans le carter de cette dernière. Un duo qui offre une puissance cumulée de 204 ch (150 kW) – il ne suffit pas d’additionner les deux puissances pour obtenir la puissance totale. Largement de quoi tirer profit du châssis performant de la voiture.
Ainsi, en version « pleine puissance » où les deux moteurs fonctionnent en même temps, l’Audi A3 e-Tron passe de 0 à 100 km/h en 7,6 s seulement. Et cela avec un appétit mesuré puisque, selon l’ordinateur de bord, la consommation moyenne enregistrée n’a été que de 6 l/100 km, ce qui permettrait au final de parcourir jusqu’à 700 km. Une distance tout à fait raisonnable qui rend la voiture vraiment polyvalente.
Le conducteur a le choix entre plusieurs modes de fonctionnement programmables à partir de l’écran central. Le premier est le mode EV qui impose, tant que la charge de la batterie le permet, de rouler en mode 100 % électrique. Dans ce cas, la voiture est, comme tout modèle électrique, très silencieuse et nerveuse. Selon les conditions de circulation (trafic, dénivelé, température…) il est possible de parcourir jusqu’à 50 km maxi. Pour notre prise en main, nous avons réalisé 40 km sur un trajet mixte urbain et autoroute et il restait 2 km d’autonomie. Ce trajet a été réalisé sans consommer une goutte de carburant, ce qui nous a imposé de ne pas dépasser les 130 km/h, limite maxi pour le moteur électrique. Si le confort et l’agrément d’usage dans ces conditions sont importants, nous n’avons pas vraiment apprécié la désactivation du moteur lorsque le conducteur lâche l’accélérateur (sélecteur de vitesses en position « D »). La voiture roule en effet à ce moment en roues libres et ne procure aucun ralentissement. Si cette solution permet d’augmenter la distance parcourue elle est plutôt surprenante et demande à être apprivoisée ! Pour bénéficier d’un ralentissement, et de la récupération d’énergie au freinage, il faudra passer en position « S » au niveau du levier de vitesses.
Dans le second mode proposé « auto », la gestion de l’énergie utilisée est réalisée par l’électronique embarquée selon les besoins de puissance. C’est certainement le mode le plus intéressant à utiliser au quotidien. Ensuite, le mode « charge » permet de recharger les batteries en roulant. Attention, dans ce cas, la consommation de carburant est plus élevée car le moteur thermique est plus sollicité et passe à plus de 8 l/100 km. Ainsi, à 130 km/h, on récupère environ 1 km d’autonomie en électrique tous les 3 km parcourus. Et cela jusqu’à 60 % de la charge, ensuite, ce sera plus long. Il faudra donc un trajet d’au moins 90 km pour obtenir 30 km d’autonomie en mode électrique. Enfin, le quatrième et dernier mode « hybrid hold », permet de conserver le niveau de charge des batteries. Une fonction intéressante qui permettra, par exemple, de s’assurer l’accès à un centre-ville réservé aux véhicules propres si l’on n’a pas la possibilité de recharger la voiture dans l’immédiat. Dans ce domaine, Audi a aussi bien fait les choses et propose de série une Wallbox dotée de deux câbles avec prise traditionnelle domestique (10 A) et haute puissance (16 A). Selon la source, le temps de charge est compris entre 2 h 15 et 3 h 45, des délais assez raisonnables. Le constructeur devrait bientôt mettre en place une application pour smartphone permettant de gérer à distance, ou de programmer, la phase de charge pour profiter par exemple de tarifs d’électricité préférentiels, de mettre en route chauffage ou climatisation ou encore de localiser la voiture.
L’Audi A3 e-Tron en résumé
L’hybridation rechargeable est vraiment une solution intéressante car elle permet de rouler « propre » en ville et de pouvoir parcourir de longues distances sans aucun stress. Et Audi a même fait un effort en termes de tarifs puisque, en comparaison, une A3 Sportback TDI 150 s-tronic Ambition Luxe est facturée 38 120 €, contre 43 950 € pour la e-Tron, soit 5 830 € de plus. Mais, en déduisant les 4 000 € de bonus, l’écart descend à 1 830 €. Face à la concurrence, l’e-Tron est aussi bien placée puisque, mieux finie et mieux équipée, elle débute à 38 900 € alors qu’une Toyota Prius s’affiche à 37 300 €. À noter qu’Audi préconise un entretien annuel ou à 15 000 km sur son hybride, c’est-à-dire deux fois plus fréquemment qu’avec des modèles classiques. Ces visites en atelier devraient néanmoins être moins coûteuses que sur un TDI car le moteur n’utilise pas d’huile « long life » et l’usure mécanique devrait être moins rapide.
Les +
Autonomie globale
Performance/agrément
Finition
Confort
Les -
Prix
Mode « roues libres »
Pas de version Quattro possible
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