Laurence Delain-David
Net repli des rendements
Les premiers résultats des fonds en euros commencent à tomber et ils confirment la baisse annoncée depuis des mois. Aujourd’hui, rares sont les contrats d’assurance-vie qui franchissent la barre des 3,5 %.
3,43 %. C’est ce que rapporte désormais le célèbre fonds en euros du contrat Afer, baromètre historique du marché, avec quelque 40 milliards d’euros d’encours gérés pour le compte de 735 000 adhérents. En baisse de 0,1 point par rapport à 2010 (3,52 %), ce taux reste pourtant l’un des meilleurs de la place. Aujourd’hui, le rendement moyen des fonds en euros, qui représentent environ 85% des encours en assurance-vie, flirte avec les 3 %. Soit à peine plus, une fois déduits les prélèvements sociaux de 13,5 % et les frais que ponctionnent la plupart des assureurs sur les contrats (2 % à 4 % en moyenne), que la rémunération du livret A (2,25 % nets de toute fiscalité).
Dès le 25 novembre dernier, Axa a donné le « la » en affichant pour la plupart de ses contrats des taux compris entre 3 % et 3,70 %, soit un recul de 0,3 point par rapport aux rendements servis par la compagnie en 2010. Les baisses enregistrées depuis, qui s’échelonnent de 0,1 à 0,9 point, n’ont fait que confirmer cette tendance (voir tableau ci-dessous). Et rares sont les assureurs, qui comme la mutuelle Carac ou encore Mutavie (groupe Macif), sont parvenus à maintenir leur taux au même niveau que l’an passé.
Un environnement financier difficile
Majoritairement investis en obligations d’État et d’entreprises, mais également partiellement placés en actions (parfois plus de 10 % de leur actif), les fonds en euros ont dû composer avec un marché obligataire extrêmement délicat (au second semestre 2011, l’OAT 10 ans, indice de référence du secteur, a atteint un plus bas historique à 2,45 %), plombé par la crise des dettes souveraines et un Cac 40 fort volatil, en repli de –17 % sur l’ensemble de l’année.
Même s’ils restent pour la plupart peu exposés au risque grec (la part des obligations grecques présentes dans les actifs généraux des compagnies excède rarement 1 %), les assureurs n’ont pas échappé aux conséquences du plan de restructuration enclenché cet été. « La dette grecque nous a coûté 0,9 point de rentabilité », précise Marcel Kahn, directeur général du groupe MACSF. Par ailleurs, pratiquement toutes les compagnies détiennent une fraction plus ou moins importante de dettes des autres pays périphériques dits PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne). Ce qui a poussé nombre d’entre elles à passer des provisions spécifiques pour compenser les dépréciations d’actifs consécutives à la crise obligataire.
Ce contexte financier tendu n’a pourtant pas empêché certains acteurs de piloter avec dextérité leur portefeuille et de consolider des plus-values lorsque les marchés étaient encore haussiers au premier semestre. « Tout en restant extrêmement prudents, nous avons gardé une marge de manœuvre pour saisir les opportunités lorsqu’elles se présentaient », indique Philippe Maso y Guell Rivet, directeur général d’Aviva France, compagnie qui gère le contrat Afer. « Nous avons eu la chance de réduire de moitié notre exposition en actions en juillet avant que le Cac ne chute, ce qui nous a évité d’avoir à passer des provisions pour risque d’exigibilité », se réjouit pour sa part Gilles Ulrich, directeur général du Conservateur, groupe mutualiste qui, une fois de plus, parvient à tirer son épingle du jeu.
Les réserves mises à contribution
Afin de doper leurs performances, la plupart des assureurs n’ont pas non plus hésité à puiser dans leur provision pour participation aux excédents (PPE). Cette réserve, alimentée par les bénéfices financiers réalisés les bonnes années, et redistribuée aux assurés dans les 8 années qui suivent sa constitution, leur a souvent été d’un grand secours. « Nous avons prélevé 62 millions d’euros sur plus de 200 millions engrangés, ce qui a représenté 0,4 point de taux », révèle la MACSF. Anticipant une année 2012 encore difficile, certaines compagnies ont cependant préféré maintenir ces réserves qui ne sont pas inépuisables, tandis que d’autres, comme la Carac, ont même choisi de les renflouer !
Rendements 2011 : les résultats de 15 contrats
Établissement | Nom du contrat | Rendement 2011 1 | Rappel rendement 2010 1 | Baisse sur un 1 an |
ACMN-Vie (Crédit Mutuel Nord Europe) | ACMN Avenir | 3 % | 3,10 % | –0,10 |
Afer-Aviva | Compte Afer Multisupports | 3,43 % | 3, 52 % | –0,09 |
Apicil | Frontière Efficiente | 3,61 % | 4,02 % | –0,41 |
Axa | Arpèges | 3 % à 3,70 % selon les encours gérés | 3,30 % à 4,00 % selon les encours gérés | –0,30 |
Le Conservateur | Helios Sélection | 3,75 % | 4,25 % | –0, 50 |
Carac | Compte Épargne Carac | 3,90 % | 3,90 % | 0 |
GMF | Altineo | 3,20 % | 3,90 % | –0,70 |
Groupama | Groupama Modulation | 3 % | 3,35 % | –0,35 |
HSBS | HSBC Évolution Patrimoine | 3 % à 3,26 % selon encours gérés | 3,35 % à 3,61 % selon encours gérés | –0,35 |
Maaf-Vie | Winalto | 3,20 % | 4,11 % | –0,91 |
MACSF | RES (Retraite Épargne Santé) | 3,65 % | 4,05 % | – 0,40 |
Maif | Nouveau Cap | 3,05 % | 3,60 % | –0,55 |
MMA | MMA Multisupports | 3,05 % | 3,75 % | –0,70 |
Mutavie-Macif | Actiplus | 3,45 % | 3,45 % | 0 |
SMA-Vie BTP | Batiretraite 2 | 3,66 % | 4,03 % | –0,37 |
1. Taux nets de frais de gestion mais bruts de prélèvements sociaux et de frais sur versement.