Laurence Delain-David
Assurance vieBaisse confirmée
Attendus avec impatience par les millions de personnes qui détiennent une assurance-vie (41,8 % des ménages en 2010 selon l’Insee), les résultats des contrats en euros, toujours plébiscités pour leur sécurité – l’épargne capitalisée est garantie –, commencent à tomber. Et la tendance est à la baisse.
Cette année, c’est la Maaf qui a ouvert le bal en annonçant début décembre un taux de 4,11 % pour le fonds en euros de son produit phare Winalto. « Ce résultat est le fruit d’une gestion financière qui a su accompagner au mieux la baisse des taux à court comme à long terme tout en confortant nos marges de manœuvres pour le futur », s’est félicité à cette occasion Éric Couturier, président du directoire de Maaf-vie. Quoiqu’en recul de 0,20 points par rapport au taux 2009 (4,31 %), ce résultat a en effet toutes les chances de figurer dans le peloton de tête du palmarès 2010 des taux.
Depuis plus de 10 ans, les contrats en euros (monosupports et fonds en euros des multisupports) subissent une érosion continue de leur rentabilité, elle-même consécutive à la baisse du taux des obligations où ils sont, en grande partie, investis. Les excellentes collectes de 2005 et 2006 ont notamment contraint les assureurs à placer d’importants volumes de primes au moment où les taux obligataires étaient très bas. La faiblesse des taux longs observée depuis (l’Obligation assimilable du Trésor – OAT - 10 ans s’est rapprochée des 3 %) n’a pas arrangé les choses. Quant au krach boursier de 2008, il a contribué à plomber durablement la fraction – même minoritaire – du portefeuille des assureurs investi en actions.
Résultat, tombé l’an dernier à 3,70 %, le rendement moyen de l’ensemble des contrats en euros devrait reculer à nouveau aux alentours de 3,5 % cette année. Et rares seront ceux qui franchiront encore la barre des 4,5 %.
Seuil des 3,5 %
Comme toujours, quelques contrats mutualistes historiquement bien gérés promus par des acteurs comme Le Conservateur, la Macsf, Monceau Assurance, SMA vie BTP, etc., devraient tirer leur épingle du jeu. Même chose pour la Matmut, Apicil ou encore Axeria vie, dont les contrats occupent depuis 2 ans le haut du tableau du fait de leur petite taille et de leur lancement récent (ils ne traînent pas de « passif obligataire »).
En revanche, les rendements des contrats qui constituent le gros du marché, à savoir ceux des grands réseaux bancaires et d’assurance, peineront à franchir le seuil des 3,5 %. C’est ce que confirment déjà les taux annoncés par Axa le 13 décembre dernier (3,30 % pour la plupart des fonds en euros, hors effet bonus – voir notre article). Comme ceux rendus publics le lendemain par Mutavie (filiale de la Macif) : 3,45 % pour le contrat Actiplus et… 2,85 % pour le Livret Vie. Ces deux dernières performances paraissent particulièrement médiocres. Mais elles ont le mérite de la transparence. Elles sont en effet nettes de tous frais, ce qui n’est pas le cas des autres contrats du marché (exception faite des contrats en ligne à frais zéro), dont les taux sont toujours affichés avant prise en compte des frais sur versements (2,5 % des primes en moyenne, mais parfois jusqu’à 4 %, voire plus !).
L’assuré ne doit par ailleurs pas oublier que les rendements mis en avant par les établissements sont soumis aux prélèvements sociaux. Ceux-ci passeront de 12,1 à 12,3 % en 2011. Et ils seront, à partir de cette date, dus chaque année sur tous les contrats. Jusqu’à présent, seuls les monosupports les acquittaient annuellement. Les fonds en euros des multisupports n’étaient, eux, taxés à ce titre qu’au moment du rachat du contrat par l’assuré.