Élisa Oudin
Des économies importantes mais ignorées
Que savons-nous de l’assurance emprunteur, cette assurance imposée par les banques lors de la souscription d’un prêt immobilier ? Apparemment pas suffisamment de choses, comme le montrent les réponses à notre questionnaire. Ces dernières révèlent notamment que la majorité des particuliers ignore qu’il est possible de réaliser d’importantes économies simplement en faisant jouer la concurrence sur le marché de l’assurance emprunteur !
Profil des répondants
180 000 €, c’est le montant moyen de l’emprunt immobilier des consommateurs qui ont répondu à notre questionnaire. En moyenne la durée de leur crédit s’étale sur 19 ans, un chiffre un peu plus élevé que la moyenne nationale.
Négociation du prêt : priorité au taux d’intérêt
La majorité (46 %) des emprunteurs reste focalisée sur le taux de l’emprunt. Certes, il s’agit d’un point essentiel. Mais il ne doit pas occulter d’autres éléments de négociation importants : les frais de dossiers (22 % des répondants se disent concernés par ce point) et le taux de l’assurance emprunteur (18 % seulement disent s’en être préoccupés).
L’assurance emprunteur, de 25 à 50 % du coût d’un crédit
Pourtant, l’assurance emprunteur représente un coût non négligeable. Selon les compagnies d’assurance, ce poste vient renchérir de 25 à 50 % le coût du crédit. Le coût du crédit est constitué de l’ensemble des intérêts du prêt que l’emprunteur doit verser à la banque. Par exemple pour un crédit immobilier de 180 000 € sur 15 ans, à un taux de 1,18 %, l’ensemble des intérêts s’élèvera à 16 488 €. L’assurance emprunteur pèsera entre 5 000 et 9 000 €.
Des connaissances lacunaires sur l’assurance emprunteur
Pour la plupart des emprunteurs qui ont répondu à notre questionnaire, le conseiller bancaire représente la première source d’information sur l’assurance emprunteur. Or pendant très longtemps, les banques ont quasi-monopolisé le marché de l’assurance emprunteur via des partenariats lucratifs. Guère étonnant que la grande majorité des consommateurs ignore le montant des économies possibles en souscrivant un contrat d’assurance emprunteur auprès d’une compagnie alternative. Plus de 70 % d’entre eux ne savent ainsi pas chiffrer l’économie envisageable.
Peu de simulations pour changer d’assurance emprunteur
La loi a ouvert la possibilité de résilier son contrat d’assurance emprunteur à tout moment. Une possibilité encore insuffisamment exploitée aujourd’hui, puisque seulement un tiers des emprunteurs ont changé de contrat et moins de la moitié ont effectué une simulation.
Une sous-estimation des économies attendues
Lorsqu’ils possèdent une idée de l’économie possible en changeant d’assurance emprunteur (ce qui est loin d’être la majorité des cas), les emprunteurs sont encore largement en dessous de la réalité. Ils minorent fortement la possibilité de gains. En moyenne, les consommateurs fixent à près de 3 000 € l’économie attendue, alors qu’elle dépasse plutôt les 5 000 €.
Des emprunteurs découragés
Au final, le manque d’informations et le découragement expliquent en grande partie l’immobilisme des emprunteurs. 36 % d’entre eux admettent ignorer l’intérêt financier de la démarche tandis qu’ils sont 23 % à reconnaître se décourager devant sa complexité.
Sandrine Girollet
Observatoire de la consommation