Arnaud Murati
Assurance autoPourquoi les tarifs vont s’envoler
Les primes d’assurance auto ne cessent de croître, année après année, sous l’effet de plusieurs facteurs. La hausse de 2025, envisagée autour de 5 %, est d’abord la résultante d’une inflation des coûts de réparation. Parallèlement, les assureurs sont de plus en plus confrontés à des cas de fraude.
Qu’elles soient électriques ou thermiques, les voitures récentes sont toujours plus chères à assurer. Le cabinet Facts & Figures, qui travaille essentiellement pour le compte des assureurs français, a livré ses prévisions pour l’année 2025 en matière de couverture automobile. La hausse au 1er janvier 2025 serait comprise entre 4 et 6 % en raison de plusieurs tendances. La hausse permanente du prix des pièces détachées, en premier lieu : « Il ressort une augmentation moyenne du tarif des rétroviseurs conducteur de 8,9 % entre 2023 et 2024 », indique le cabinet, qui a créé son propre référentiel de pièces détachées afin de suivre leur évolution dans le temps. Une hausse « moyenne », comme le dit Facts & Figures, car l’accroissement du prix de ce rétroviseur peut atteindre 14,3 % pour les marques haut de gamme. Outre le prix des pièces, celui de la main-d’œuvre, qui a vu ses tarifs grimper de 6,6 % en 2023, semble aussi avoir flambé : le taux horaire a déjà augmenté de 5,8 % sur 12 mois glissants à la fin juillet dernier.
Autant de raisons plutôt habituelles pour expliquer une hausse des coûts, mais qui s’ajoutent à quelques faits conjoncturels. L’État va imposer aux contrats d’assurance dommages une hausse de cotisation au 1er janvier 2025 afin de combler les déficits récurrents de la branche « catastrophes naturelles ». Cette contribution, qui est aujourd’hui de 6 % sur les garanties vol et incendie, va passer à 9 %. Pour les véhicules assurés au tiers, la contribution passera de 0,5 à 0,75 % sur l’ensemble des garanties : « Cela représente en moyenne 1,50 € par contrat », précise Christophe Delcamp, directeur des assurances de dommages et responsabilité de France Assureurs.
Les nouveaux escrocs du verre
Mais les fraudes à l’assurance se sont aussi montrées particulièrement dynamiques en 2023. D’après le bilan annuel établi par Alfa, l’association qui se charge de lutter contre les arnaques aux assurances, 485 millions d’euros de fraude « IARD » (dommages aux biens) ont été répertoriées l’an dernier (+ 10,2 %), sachant que l’ampleur de la fraude en général a progressé de 18,3 %, à 695 millions d’euros. Sur le seul secteur automobile, 236,8 millions d’euros de fraudes ont été détectées en 2023, contre 188 millions d’euros en 2022. Une sacrée accélération : « Nous assistons à une industrialisation de la fraude, elle s’est professionnalisée ces dernières années et devient l’œuvre de bandes organisées », annonce Maxence Bizien, le directeur général d’Alfa. Selon lui, l’association a répertorié 42 232 sinistres frauduleux en 2023, soit + 12,8 %. Si les fausses déclarations de vol ou les constats de complaisance existent toujours, l’Alfa note surtout une montée en puissance de la fraude au bris de glace : actes fictifs, faux bons de livraison, fausses factures… « Nous avons même relevé des usurpations d’identité d’assurés », explique le directeur d’Alfa. Ces nouveaux escrocs du verre procéderaient par démarchage téléphonique, mais aussi directement auprès des automobilistes sur les grands parkings des aéroports parisiens : « Le phénomène est en augmentation depuis 2022-2023 », affirme Maxence Bizien, qui regrette que tout ceci « participe à l’augmentation du coût de la sinistralité ».
D’après des données transmises par Facts & Figures, la hausse moyenne de la prime d’assurance automobile s’établit à 20,6 % entre 2014 et 2024.