Arnaud de Blauwe
Assurance autoLa fausse protection du bonus maximal
Les retours d’un appel à témoignages diffusés dans Que Choisir et sur QueChoisir.org pour une prochaine enquête assurances a permis de mettre en lumière la « fausse protection » que le bonus 0,50 offre aux automobilistes. Il ne les met pas à l’abri d’une résiliation de la part de l’assureur en cas de sinistres répétés.
À l’origine, notre appel à témoignages assurance auto et habitation, récemment publié dans Que Choisir et sur notre site Internet, visait à répondre à cette question : être fidèle à sa compagnie ou sa mutuelle est-il payant pour l’assuré ? L’enquête, en cours, sera prochainement publiée sur notre site et dans Que Choisir Argent (en kiosque le 3 janvier 2016).
Quoi qu’il en soit, de très nombreux particuliers nous ont adressé leur dossier. Leur analyse a permis de mettre au jour cette réalité. Un bon bonus n’est pas une « assurance tous risques » pour l’automobiliste ! Si dans les mois qui précèdent l’échéance, il déclare deux ou trois accidents, même légers, même non responsables, les probabilités qu’il soit résilié par son assureur ne sont pas négligeables.
Plusieurs assurés ayant répondu à notre « appel à témoignages » en ont fait l’amère expérience alors qu’ils bénéficiaient d’un bonus à 0,50, le maximum réglementaire. Ils étaient persuadés que cela les protégeait en cas de petits sinistres concentrés sur une courte période. Évidemment, ces automobilistes savaient bien que si leur responsabilité était retenue dans l’un de ces accidents, leur bonus diminuerait (le taux est alors multiplié par 0,25, ce qui augmente mécaniquement le montant de la prime à payer). Mais de là à penser que leur assureur leur demanderait d’aller voir ailleurs…
L’incompréhension est encore plus grande lorsque les sinistres répétés sont des bris de glace (non pris en considération dans le calcul du coefficient de bonus/malus). Relevons ainsi le témoignage de cette conductrice (31 ans) du Val-d’Oise assurée tous risques au bonus maximal auprès de la Macif pendant treize ans. Durant tout ce temps, elle a déclaré deux bris de glace et un accident matériel non responsable. Son contrat n’a pas été reconduit ! Autre exemple, celui de cette assurée de l’Oise. Âgée de 82 ans et fidèle cliente de la Maaf, elle a été mise à la porte après avoir déclaré quatre bris de glace en cinq ans. Elle n’avait jamais eu de pépin jusque-là.
Pas facile de trouver un autre assureur
Pour les assurés auto qui sont résiliés, il faut alors trouver une nouvelle compagnie ou mutuelle. Mission souvent délicate, les assureurs rechignant à prendre ou à proposer un tarif abordable à ces conducteurs alors même qu’ils bénéficient d’un beau bonus. Au pire, il faut demander l’intervention du Bureau central de tarification (1) : il désignera un assureur, l’assurance auto (au moins la garantie responsabilité civile) étant obligatoire.
Pour justifier cette attitude, la profession avance ses arguments. Un assuré qui accumule les sinistres finit par coûter cher, ce qui pénalise tous les autres. De fait, pour éviter d’augmenter leur prime trop fortement et de dégrader les comptes de la branche auto, mieux vaut « nettoyer » régulièrement le portefeuille de clients.
Une attitude qui n’empêche pourtant pas certaines compagnies et mutuelles de faire du zèle. Pour récompenser leurs assurés les plus anciens, vierges de tout accident (par exemple, 5 ans sans sinistre, à la Maif), la majorité d’entre elles ne fait pas bouger le bonus à 0,50 malgré un accident responsable. Le droit à l’erreur en quelque sorte. Certains assureurs appliquent même un bonus amélioré (au-delà du plafond, donc) aux bons conducteurs anciens. À la Matmut, le taux peut alors passer à 0,35, ce qui permet de diminuer un peu plus la prime de référence. Mais, là encore, ce n’est pas une garantie d’être gardé en cas de trop forte sinistralité.
(1) 1 rue Jules Lefebvre, 75009 Paris.