Cyril Brosset
Facebook comme terrain de chasse
Les réseaux sociaux sont plus que jamais les terrains de chasse des escrocs. Certains n’hésitent pas à usurper l’identité de vos amis sur Facebook pour vous inciter à composer des numéros surtaxés. Certaines victimes se sont retrouvées avec plusieurs dizaines d’euros en plus sur leurs factures de téléphone.
On connaissait les SMS, les avis de passage dans les boîtes aux lettres ou encore les petites annonces, les escrocs passent désormais par les réseaux sociaux pour inciter leurs victimes à composer des numéros surtaxés. Arnaud en a fait l’amère expérience. Mardi dernier, ce jeune homme reçoit via Facebook une invitation d’une certaine Dominique, une femme qui fait partie de ses connaissances sur le réseau social, mais qu’il n’a pas vue depuis 15 ans. « Nous étions déjà amis sur Facebook, mais j’ai pensé qu’elle avait créé un nouveau profil, alors j’ai accepté l’invitation. » Dans les minutes qui suivent, son interlocutrice entame une discussion par messagerie instantanée. Après quelques amabilités d’usage, Dominique raconte à Arnaud sa mésaventure : son smartphone est bloqué et, pour le remettre en état, son opérateur lui demande de récupérer un code en composant le 08 99 96 95 50. Mais vu que son téléphone ne fonctionne pas et que personne autour d’elle n’est disponible, elle est coincée. Elle demande donc à Arnaud de bien vouloir appeler à sa place le numéro en question et de lui transmettre le code que la boîte vocale lui donnera.
Arnaud flaire le piège. Il décide de ne pas donner suite et même de supprimer ce contact de ses amis. Il a bien raison. D’autres n’ont pas eu cette présence d’esprit et, à la demande de leur interlocuteur, ont composé le numéro depuis leur téléphone pour récupérer le fameux code. Or, chaque appel est facturé 3 €. Certains ont même renouvelé la procédure à la demande de leur interlocuteur, sous prétexte que le premier code n’avait pas fonctionné ou que le déblocage n’avait pas été réalisé en totalité. Résultat : plusieurs dizaines voire plusieurs centaines d’euros en plus sur leur facture de téléphone. Sur des forums, des victimes racontent même que les demandes polies se sont transformées en réelles menaces lorsqu’elles ont communiqué à leur interlocuteur leur intention d’arrêter les frais. « La personne m’a dit qu’elle avait piraté mon téléphone et que je devrais lui payer 900 € si je ne continuais pas à lui envoyer des codes », raconte l’une d’entre elles.
Au cœur d’un « trafic de codes »
Le numéro en question n’a rien d’illégal. Il héberge une solution de micro-paiement qui permet aux éditeurs de faire payer l’accès à certains contenus. Les éditeurs de jeux en ligne en sont friands. Avec ces codes, les joueurs achètent des accessoires pour leurs personnages, gagnent de la monnaie virtuelle, etc. L’éditeur, lui, récupère une partie des sommes facturées. Pratique, le système attire aussi les escrocs de tout poil. Certains n’hésitent pas à usurper l’identité de membres de Facebook (même nom, même photo…) pour se créer de faux profils puis à contacter leurs amis pour leur demander de récupérer à leur place les fameux codes qu’ils revendent ensuite sur Internet.
Alors, sur Facebook comme sur d’autres réseaux sociaux (Google+, Twitter…), mieux vaut se méfier de ses « amis », surtout lorsqu’ils vous demandent de composer un numéro surtaxé. Et si vous êtes tombé dans le piège, rendez-vous sur le site Infosva.org et entrez le ou les numéros de téléphone en 08 que vous avez composés. Vous devriez voir apparaître les coordonnées d’un éditeur ou d’un prestataire technique. C'est à lui qu'il faut s'adresser en cas de litige. Il suffit de le contacter par mail en joignant un maximum d’éléments (facture de téléphone, récit du déroulé de l’arnaque, copies d’écran, etc.). Même si aucune loi ne les y oblige, la plupart acceptent de procéder au remboursement. Vous pouvez aussi signaler l’arnaque auprès de l'Association française du multimédia mobile (Afmm.fr).