
par Cyril Brosset
par Cyril Brosset
Les escrocs ne cessent de peaufiner leur technique d’arnaque au faux conseiller bancaire, aidés par la masse d’informations volées lors des nombreux piratages de données survenus ces derniers mois. En voici un des derniers exemples en date, particulièrement bien ficelé.
Le 17 mars dernier, Rémi reçoit un appel sur son téléphone portable. Au bout de la ligne, un individu se présentant comme faisant partie du service antifraude de sa banque, la Caisse d’Épargne, l’alerte sur le fait que 4 prélèvements, pour un montant total de 28 000 €, sont en train d’être effectués depuis la Lituanie sur son compte professionnel. Selon lui, lui seul a le pouvoir de les stopper. Il doit pour cela effectuer des virements d’un montant identique vers le compte du service antifraude de la banque. Bien que flairant l’arnaque au faux banquier, Rémi joue le jeu. Sauf qu’au lieu des 9 500 € demandés initialement, il effectue volontairement un virement de seulement 9 €. « Mon interlocuteur s’est vite aperçu que ce n’était pas la somme qu’il attendait et m’a dit que ça ne fonctionnerait pas. J’ai plaidé la fausse manipulation et il me les a recrédités aussitôt ! », se souvient-il. Rémi finit alors par effectuer le virement demandé en sachant qu’il sera bloqué par sa banque puisqu’il dépasse le montant maximal de virement autorisé. Finalement, après plusieurs pseudo-tentatives infructueuses et 1 h passée au téléphone, Rémi raccroche sans avoir perdu le moindre centime.
« La quantité d’informations qu’ils détenaient sur moi est impressionnante, s’étonne-t-il. Ils connaissaient mon nom et mon prénom, la ville où j’habite, mon agence bancaire… Ils ont même tenté de me faire croire qu’ils avaient en leur possession le numéro complet de mon compte, mais qu’ils ne m’en communiqueraient que les 4 derniers chiffres pour des questions de sécurité. » En réalité, ils n’avaient que ces 4 chiffres. Même si rien ne lui permet de s’en assurer à 100 %, Rémi est intimement persuadé que cette abondance d’informations personnelles est liée au vol de données chez Free, dont il a été victime. « Alors que j’ai plusieurs comptes, les escrocs n’ont évoqué que celui sur lequel Free prélevait les mensualités. En plus, au début de l’appel, ils ont inséré dans leur scénario le fait que les pseudo-virements frauduleux étaient une conséquence de ce piratage. » De quoi semer le doute en effet.
Rémi est aussi impressionné par la mise en scène, très poussée. « J’ai eu affaire à plusieurs interlocuteurs, soi-disant de services différents. Tous s’exprimaient dans un français impeccable et adoptaient un discours très professionnel, regorgeant de détails et de termes techniques. J’entendais même derrière eux des bruits laissant penser qu’ils se trouvaient dans un open space. Ils savaient aussi parfaitement comment fonctionnait l’application de ma banque. »
Alerté par ses tentatives de virement, le vrai service antifraude de la Caisse d’Épargne a fini par joindre Rémi pour le mettre en garde. Cette intervention, aussi louable soit-elle, serait malgré tout intervenue trop tard si les virements avaient abouti. La banque l’a toutefois aidé à sécuriser ses données, estimant que les éléments en possession des escrocs leur suffisaient pour réaliser certaines démarches, comme souscrire un crédit. Quant à la plainte que Rémi a déposée auprès des services de police, il n’en attend rien. « On m’a clairement fait comprendre que, faute de préjudice, elle ne serait pas traitée. »
Faites plus que jamais preuve de prudence si un service bancaire vous appelle. Dans le doute, raccrochez et contactez votre agence ou votre conseiller.
Cyril Brosset
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