Élisabeth Chesnais
Ariel Baby lessive liquidePas si clean qu’elle en a l’air
Avec le bébé souriant et la mention « Dermatologically tested » bien en vue sur son flacon, la lessive liquide Ariel Baby inspire confiance. Pourtant, la liste des ingrédients n’est pas irréprochable.
« Dermatologically tested », annonce l’emballage de la lessive liquide Ariel Baby. Associée à l’image d’un bébé à la mine réjouie, la mention qui s’affiche en gros caractères a tout pour rassurer. Même sans être féru d’anglais, on en déduit qu’elle est exempte de composés problématiques et sans risques pour les tout-petits.
Pourtant, la liste des ingrédients qui figure en caractères à peine lisibles au dos du flacon dit tout autre chose. À sa lecture, on apprend qu’Ariel Baby contient de la benzisothiazolinone et de la méthylisothiazolinone (MIT).
Ces deux noms barbares sont difficiles à mémoriser et c’est bien dommage. Car si les jeunes parents savaient, il est probable qu’Ariel Baby aurait déjà quitté les rayons des hypermarchés faute de ventes. Il s’agit en effet de deux conservateurs connus pour leur potentiel allergisant. La MIT est même dans le collimateur des dermatologues et des comités scientifiques tant elle provoque d’allergies. « La hausse spectaculaire des cas d’allergie à la MIT est un phénomène sans précédent en Europe », a par exemple alerté le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs dans un avis rendu en décembre 2013.
La MIT a de nouveau été épinglée lors des Journées dermatologiques de Paris fin 2014. « Depuis 3 ans, en France comme en Europe, de nombreuses publications ont mis en lumière une augmentation alarmante des cas de sensibilisation à la MIT », a souligné le Pr Annick Barbaud, responsable au département de dermatologie-allergologie du CHU de Nancy.
Aucune limitation de la MIT dans les produits d’entretien
Tous les voyants sont donc au rouge, et la seule parade absolue contre cette explosion des allergies serait l’éviction pure et simple de la MIT. Un niveau de concentration à ne pas dépasser existe, mais il ne concerne que les cosmétiques. Aucune limitation n’a été définie pour les détergents et produits d’entretien. Il est néanmoins invraisemblable qu’une lessive pour bébé se dise testée dermatologiquement alors qu’elle en contient.
Quant à la benzisothiazolinone, elle est moins utilisée que la MIT et donc moins recensée dans les cas d’allergies. Aucune valeur limite n’a été établie.
L’ennui, c’est que la lessive Ariel Baby est destinée aux très jeunes enfants, une population fragile, et que son emballage est faussement rassurant. Que Choisir la déconseille en raison de son potentiel allergisant. Malgré le rinçage, il est impossible de garantir l’élimination des conservateurs à 100 %.
Même griefs contre Persavon bébé lessive main
Décidément, les fabricants de lessive ont bien du mal avec les composés allergisants. Avant Ariel Baby en effet, nous avons épinglé Persavon bébé lessive main il y a quelques mois. Elle se disait hypoallergénique alors que, tout comme Ariel Baby, elle contenait deux conservateurs allergisants, la méthylisothiazolinone (MIT) et la méthylchloroisothiazolinone (CMIT). Là encore, c’est inadmissible pour un produit destiné aux tout-petits, d’autant plus qu’il se dit sans allergènes.Il serait temps que les pouvoirs publics réglementent clairement toutes ces allégations qui rassurent. Elles sont trop souvent apposées à tort sur des produits en réalité peu recommandables pour les populations fragiles, notamment les jeunes enfants.