Anne-Sophie Stamane
Encore du ménage à faire
Le scandale du Mediator a révélé les insuffisances de la pharmacovigilance officielle, et mis en lumière le rôle salutaire de la revue indépendante « Prescrire ». Poussant son avantage, celle-ci demande le retrait de deux produits dangereux, le nimésulide et le buflomédil.
Depuis le début du scandale du Mediator, la très sérieuse revue médicale indépendante « Prescrire » est sous les feux de la rampe. Pour cause, elle alertait depuis longtemps sur l’inefficacité du médicament et sur l’inconnue de ses effets indésirables. Cette fois, dans son numéro de janvier, la publication a deux autres produits dans le collimateur. Et, nouvelle popularité oblige, c’est repris dans toute la presse.
Premier à subir les foudres de la publication : le nimésulide, un anti-inflammatoire commercialisé sous le nom de marque Nexen. « Prescrire » souligne les effets indésirables graves, notamment les atteintes hépatiques, susceptibles d’entraîner la mort ou une greffe. Les troubles peuvent survenir à des doses normales, parfois dans les 15 premiers jours du traitement. Le risque est donc important quand, dans le même temps, l’intérêt de la molécule n’est pas démontré. Il existe en effet d’autres solutions aussi efficaces et mieux tolérées (paracétamol, ibuprofène). « Prescrire » juge donc « inacceptable que le nimésulide reste disponible sur le marché […]. »
Le buflomédil (Fonzylane ou génériques) est le deuxième médicament à évincer d’urgence. Ce vasodilatateur ancien, vendu depuis plus de 20 ans, est utilisé dans l’artérite, mais sans résultat tangible. Inefficace, il est en plus dangereux : il peut entraîner des problèmes cardiaques et neurologiques graves. L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a, en 2006, supprimé le dosage fort, mais cela n’a pas suffi à endiguer les effets indésirables. La seule solution consiste donc à ne plus le vendre. Espérons que, cette fois, l’Afssaps entendra le message.