Marie Bourdellès
Animaux perdusNouveaux appâts d’une arnaque en cours
Une escroquerie qui tourne actuellement vise les propriétaires de chiens ou chats perdus afin de les faire payer pour récupérer leur animal soi-disant retrouvé. L’organisme de gestion du fichier national des animaux domestiques, l’I-Cad, alerte sur ces agissements.
La perte d’un animal est une triste nouvelle au sein d’une famille, qui donnerait cher pour retrouver son compagnon. Des escrocs l’ont bien compris et ont monté un piège bien ficelé. Le processus est simple : ils dénichent les petites annonces de particuliers, témoignant de la perte de leur animal, sur lesquelles figure le numéro d’identification du chien ou du chat égaré. Les sites de petites annonces spécialisés ou généralistes en regorgent. Les personnes malveillantes se rendent ensuite sur le site de l’I-Cad, structure qui travaille sous délégation du ministère de l’Agriculture et gère le fichier national d’identification des carnivores domestiques en France. Cet organisme permet la mise en relation entre trouveur et propriétaire. Les escrocs, qui n’ont en réalité pas retrouvé la bête, demandent ensuite aux maîtres de leur verser de l’argent sur leur compte, prétextant notamment des soins à prodiguer en urgence. Or tout est faux, et le propriétaire est dépouillé de quelques centaines d’euros, sans revoir son chien ou son chat.
Si le numéro d’identification sert d’appât principal dans cette arnaque, ce dernier est pourtant obligatoire, depuis 2009 pour les chiens et 2012 pour les chats. Dans un monde honnête, en cas de perte, il permet facilement d’identifier l’animal et d’entrer en contact avec son maître. Deux méthodes existent : le tatouage ou une puce électronique insérée sous la peau.
Entretien avec...
Chloée de la Simone, responsable de la communication de l’I-Cad
L’I-Cad a alerté sur son site Internet de l’existence de cette escroquerie et indique avoir identifié un individu, qui a fait plus de cinquante victimes l’été dernier. Mais l’arnaque ne s’est pas éteinte pour autant. Chloée de la Simone, responsable de la communication de l’I-Cad, répond à nos questions et dispense quelques conseils.
Que Choisir : Quel outil les arnaqueurs utilisent-ils pour entrer en contact avec les propriétaires ?
Chloée de la Simone : Les escrocs regardent les annonces des animaux perdus, sur lesquelles figurent très souvent le numéro d’identification. Le trouveur va sur le site de l’I-Cad ou sur notre application Filalapat pour être mis en relation avec le propriétaire. Avec l’application, le contact se fait directement entre les deux personnes. De nombreux sites Internet visant à signaler des animaux perdus existent, mais nous sommes le seul qui fonctionne avec le numéro d’identification [à renseigner pour déclarer avoir trouvé l’animal, ndlr].
Que Choisir : Comment fonctionne la mise en relation entre trouveur et propriétaire ?
Chloée de la Simone : Quand un animal est trouvé en France, la personne doit le déclarer sur le site de l’I-Cad via le numéro d’identification et laisser ses coordonnées. Un vétérinaire peut déchiffrer le numéro d’identification correspondant à la puce, mais pas un particulier, sauf s’il possède un détecteur. Le trouveur n’a jamais les coordonnées du propriétaire, à qui il revient de contacter son interlocuteur.
Que Choisir : Quelle est l’ampleur de l’arnaque ?
Chloée de la Simone : C’est une arnaque courante, car il y a beaucoup d’animaux. Le chat, de plus en plus présent en France, est l’animal le plus perdu. De ce que nous avons constaté dernièrement, le montant moyen de l’escroquerie s’élève à 300 €. Les victimes sont souvent des personnes seniors, les arnaqueurs agissent sur la fragilité des gens, tristes d’avoir perdu leur compagnon. L’été est une période plus favorable pour ces agissements, mais nous avons constaté des cas en septembre. Les escrocs peuvent agir toute l’année.
Que Choisir : Quels conseils dispensez-vous aux propriétaires de chiens ou de chats ?
Chloée de la Simone : Lorsqu’une personne dépose une annonce pour signaler une perte, nous lui conseillons de ne pas renseigner la totalité du numéro d’identification du chien ou du chat, mais seulement une partie. Ensuite, les victimes ont souvent honte et n’osent pas dénoncer l’arnaque. Pourtant, il faut porter plainte, quoi qu’il arrive. C’est la condition pour que des démarches soient entreprises par la police. C’est pourquoi nous invitons les personnes à nous signaler l’escroquerie dont ils sont victimes. Car, que l’animal soit réellement retrouvé ou non, en aucun cas le trouveur n’a le droit de demander de l’argent avant de le rendre. Cette pratique est interdite et donc sous le coup de la loi.