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AndroidDes mises à jour aléatoires

Google met régulièrement à jour son système d’exploitation mobile Android. Mais les fabricants réservent ces versions améliorées aux nouveaux appareils et aux modèles haut de gamme, délaissant la plupart des smartphones déjà vendus.

Entre la diagonale de l’écran, la capacité de stockage et le modèle de processeur, un critère passe souvent inaperçu dans la fiche technique d’un smartphone : la version du logiciel Android (4.4.4, 5.1.1, 6.0.1, etc.). Autre information importante, dont le consommateur n’a cette fois pas connaissance : le logiciel du smartphone sera-t-il mis à jour régulièrement à mesure que son éditeur, Google, sortira des correctifs ou de nouvelles versions ? Non. La majorité des smartphones sous Android stagne dans la version initialement installée. Or, un logiciel obsolète impacte, tôt ou tard, les performances du téléphone. Nous avons passé en revue plus de 200 smartphones parmi ceux testés en laboratoire. Bons élèves, certains constructeurs mettent à jour la plupart de leurs modèles. Google (qui vend des smartphones sous sa propre marque, Nexus), Motorola et, dans une moindre mesure, Sony s’illustrent par leur constance. Au contraire, n’attendez pratiquement aucune mise à jour avec Acer, Alcatel, Asus, Huawei, Wiko ou ZTE (voir encadré). Entre les deux, plusieurs constructeurs délaissent manifestement leurs modèles d’entrée et de moyenne gamme pour concentrer les mises à jour sur le haut de gamme. Parmi eux, le géant Samsung, premier vendeur français et européen. 

Chères adaptations

Pourtant, les constructeurs ne déboursent pas un centime pour intégrer Android, car il s’agit d’un logiciel libre. Mais la plupart d’entre eux (98 % !) le modifient pour se distinguer les uns des autres. Ils personnalisent l’interface (forme des icônes, structure des menus, etc.), intègrent des fonctions qui leur sont propres et installent des applications par défaut (les leurs et celles de leurs partenaires). Qu’elle s’appelle UX chez LG, Touchwizz chez Samsung ou Sense chez HTC, cette surcouche logicielle exige des développements spécifiques à chaque version d’Android, pour chaque modèle de smartphone et ce dans chaque pays où il est commercialisé. Si l’appareil est vendu en pack, il faut aussi décliner le logiciel pour chaque opérateur mobile local. « Le constructeur doit procéder à quelques paramétrages pour intégrer les applications propres à chaque opérateur, comme l’espace client, et pour optimiser les interactions avec le réseau », explique Christophe Gauthier, l’un des vice-présidents de Bouygues Telecom. Pour les constructeurs, ces déclinaisons exponentielles finissent par chiffrer, car elles nécessitent des équipes dédiées et d’importants développements informatiques. Et comme rien ne les engage contractuellement à faire évoluer le logiciel de leurs smartphones, ils décident seuls si un appareil mérite de migrer vers une version plus récente. La « puissance » des smartphones ne joue pas vraiment, les versions successives d’Android ayant tendance à s’alléger. « C’est une question d’arbitrage stratégique », confie Alain Serrand, responsable marketing de la division Mobile de LG (l’un des rares constructeurs à avoir accepté de répondre à nos questions). « La décision tient aussi au produit (entrée, moyen ou haut de gamme) et à sa cible. Impossible, par exemple, de ne pas mettre constamment à jour notre smartphone vedette, le G5, destiné aux technophiles. Le choix dépend aussi, bien sûr, des volumes de ventes », admet-il.

Quelques applications incompatibles

Résultat, aujourd’hui, de multiples versions du système circulent simultanément. Seuls 10 % des smartphones tournent avec la version la plus récente, Android 6.0 Marshmallow. La plus répandue est Lollipop (5.0 et 5.1 ; 35 %), suivie de Kitkat (4.4 ; 31,6 %) et de Jelly Bean (4.1, 4.2, 4.3 ; 19 %). Google lutte contre cet éclatement du marché. Aux constructeurs, il fait signer un accord « antifragmentation » (entre autres, voir aussi encadré « accords ») qui les contraint à garder les versions personnalisées d’Android compatibles avec le cœur du système. « Nous tentons ainsi de contenir les problèmes de développements que pourraient rencontrer les développeurs d’applications », explique Benoît Tabaka, responsable des relations institutionnelles chez Google. Hélas, cela ne suffit pas toujours. Il se peut en effet qu’un utilisateur ne parvienne pas à télécharger une application dans le Google Playstore parce qu’elle n’est pas compatible avec la version d’Android de son smartphone. L’application myCanal, par exemple, n’est compatible qu’à partir d’Android 4, et le jeu 2048 avec Android 2.3 et supérieurs. Si votre smartphone a plus de quatre ou cinq ans, vous êtes potentiellement concerné.

Sécurité et vie privée compromises

Il y a plus grave. Les smartphones obsolètes sont exposés à des problèmes de sécurité. Depuis août 2015 et suite à la découverte d’une importante faille (la réception d’un MMS vérolé permettait au pirate d’accéder au téléphone), Google publie chaque mois des « patchs » de sécurité. Rien qu’au mois de juin, ce correctif a résolu 21 problèmes, dont 6 jugés critiques et 11 hautement prioritaires. « Augmenter la sécurité des utilisateurs Android implique des mises à jour du logiciel de l’appareil », confirme Benoît Tabaka. Si votre smartphone n’est jamais mis à jour, vous êtes vulnérable aux attaques, aux applications frauduleuses, ou encore aux sites de phishing (hameçonnage) ou hébergeant des fichiers malveillants. Pas rassurant. Les autres mises à jour d’Android sont plus ou moins importantes. Google apporte régulièrement des améliorations fonctionnelles dont un utilisateur « normal » peut très bien se passer. C’est lorsqu’il change de génération, chaque année (d’Android 4 à Android 5, par exemple), que les modifications sont majeures. Elles intègrent, par exemple, la gestion des évolutions technologiques des smartphones, comme le déverrouillage par empreinte digitale ou le paiement mobile sans contact. Lors du passage d’Android 5 (Lollipop) à Android 6 (Marshmallow), en octobre 2015, Google a, en outre, amélioré la protection de la vie privée. Sur les versions précédentes, l’utilisateur n’a d’autre choix que d’accepter toutes les exigences d’une application pour pouvoir l’installer (accès aux contacts, à la localisation, etc.). Désormais, il peut gérer finement, appli par appli, les données qu’il l’autorise à exploiter. Android 7 Nougat améliorera la lutte contre les « ransomwares », ces virus qui bloquent un smartphone jusqu’à obtention d’une rançon. Des avancées qui vont dans l’intérêt des consommateurs mais que beaucoup ne connaîtront pas, à moins d’investir dans un nouveau smartphone. Et encore : pour espérer bénéficier des mises à jour, il faudra y mettre le prix.

Mises à jour

Bons et mauvais élèves

Désormais, nous précisons la dernière version d’Android disponible pour chaque smartphone testé. L’analyse des mises à jour (constructeur par constructeur) de 216 modèles a permis de distinguer les « bons élèves » des moyens et des cancres (identifiés en vert, en orange et en rouge dans le tableau). Ci-dessous les principaux résultats.

Accords avec les fabricants

Google impose sa loi

Android est un logiciel libre que tous les fabricants peuvent installer sur leurs smartphones sans autorisation de Google. Mais pour intégrer les services de ce dernier (boutique d’applis, Gmail, Youtube, etc.), les smartphones doivent être « certifiés Google », autrement dit répondre à ses exigences. Dans ses accords confidentiels avec les industriels (Mada : Mobile Application Distribution Agreement), Google impose ses règles. 
Les constructeurs doivent notamment préinstaller toutes ses applications et leur disposition dans les menus est contractuelle (pas plus loin que la deuxième page d’accueil). Google leur impose aussi de privilégier le moteur Google Search. Ainsi assure-t-il la pérennité de son modèle économique : promouvoir ses propres services au détriment de ceux des concurrents pour capter de gigantesques revenus publicitaires.

Nos conseils d’achat

Préférez une marque connue. Sur quelque 1 200 fabricants de mobiles Android, à peine 400 sont certifiés par Google (voir encadré « accords »). À moins d’être un expert, évitez les marques « no name » ou de distributeurs. Leurs tarifs sont très bas mais elles ne vous donneront pas forcément satisfaction (pas d’accès à la boutique d’applications, pas de mise à jour, vulnérabilité accrue). Certaines marques connues jouent la transparence. Apple met ses iPhone à jour ­pendant cinq ans. Google s’engage à suivre ses Nexus trois ans après leur lancement. L’UFC-Que Choisir milite d’ailleurs pour que tous les constructeurs affichent sur leur site les mises à jour prévues pour chaque modèle.
Ne vous ruez pas sur les premiers prix. Tout le monde n’a pas besoin ou envie de se ruiner pour un smartphone. Mais les premiers prix ne sont pas la meilleure solution, les composants sensibles d’un smartphone étant de qualité variable. Le milieu de gamme (de 300 à 400 €) offre de bons modèles, mis à jour régulièrement. À considérer pour un achat à long terme.

Camille Gruhier

Camille Gruhier

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