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Allergies alimentairesÉtiquetage à revoir

Pour éviter d'avoir à rendre des comptes aux consommateurs, les industriels de l'alimentation ont tendance à multiplier les mentions relatives aux allergies. L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) leur demande de concentrer leurs efforts sur l'éviction du risque.

« Peut contenir d'autres fruits à coques, des arachides, du lait, du gluten et des oeufs », « traces de noisettes » : sur les paquets de gâteaux, de chocolat ou de céréales, les industriels usent et abusent d'avertissements à l'attention des personnes sujettes aux allergies alimentaires. Y compris quand les produits ne contiennent pas d'ingrédient allergène, mais sont produits dans des usines où on en utilise. L'intention peut sembler louable, car les contaminations involontaires existent. Mais en réalité, la vie des allergiques n'en est pas toujours facilitée. Pour une raison simple : aucune règlementation ne s'appliquant à la présence fortuite d'allergènes, les emballages finissent par fourmiller d'indications, sans qu'on sache vraiment si les quantités présentes le plus souvent à l'état de traces sont réellement dangereuses.

C'est pourquoi l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), dans un rapport récent, formule plusieurs recommandations. La première : dans l'idéal, chaque fabricant devrait renforcer l'évaluation du risque tout au long de sa chaîne de fabrication, du fournisseur de matières premières à la phase de préparation, ce qui permettrait d'éviter l'étiquetage préventif tous azimuts. Et au cas où un dispositif fiable n'est pas possible, alors le mieux est de mentionner qu'aucune précaution n'a été prise vis-à-vis des allergies alimentaires. Quant aux cas de contamination effective, s'ils persistent malgré tout, ils devraient faire l'objet de formulations précises sur les paquets, établies en concertation avec les associations de patients.

Clarification

Pour les aliments siglés « sans ingrédient allergène », l'Afssa préconise une clarification. Car les consommateurs pourraient croire à l'absence totale de risque, alors qu'une telle allégation ne constitue pas une garantie contre la présence fortuite d'allergène. Il faudrait donc pouvoir lire « sans présence fortuite d'allergène ». Dans le même souci d'information, l'avertissement gagnerait à être le plus précis possible, que l'allergène soit présent de façon volontaire ou involontaire : l'huile d'arachide, souvent tolérée car raffinée, ne doit pas apparaître sous le terme trop vague d'« arachide ». Et de nouveaux types d'allergies graves au lait de brebis ou de chèvre ayant été répertoriés, il est désormais capital de donner l'origine du lait au consommateur.

La vie impossible des allergiques et parents d'allergiques

Malgré les timides recommandations de l'Afssa, le quotidien des allergiques et des parents d'enfants allergiques ne devrait pas s'améliorer. Trouver des aliments qui ne risquent pas de déclencher leur allergie s'assimile encore à une partie de poker. Les avertissements sur les étiquettes sont si nombreux que, pris au pied de la lettre, de plus en plus d'aliments vendus dans le commerce traditionnel leur seraient déconseillés. Soit les allergiques prennent le risque de consommer ces aliments car dans la grande majorité des cas ils ne représentent pas pour eux de risques vis-à-vis des allergènes. Soit ils se rabattent sur les aliments vendus dans les magasins spécialisés mais à des prix parfois dix fois supérieurs.

Abordables et quasiment sans risques ou ruineux et totalement sains, tel est le dilemme quotidien des allergiques au moment de choisir leurs aliments.

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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