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Allégations santéToujours des abus

Après l'UFC-Que Choisir, l'Académie de pharmacie marque son opposition aux allégations santé infondées. Mais fait confiance à l'Europe pour corriger les anomalies. La nouvelle réglementation n'est pourtant, aux yeux de l'UFC-Que Choisir, pas encore assez exigeante.

Margarines anticholestérol, yaourts bons pour la peau, ou censés renforcer les défenses immunitaires : depuis quelques années, à la faveur d'une réglementation particulièrement lâche, l'industrie alimentaire a pris l'habitude de parer ses produits de vertus carrément thérapeutiques. Quitte à gommer, petit à petit, la frontière entre médicaments et aliments. Quelques jours après la publication de l'étude de l'UFC-Que Choisir démontrant l'inefficacité des yaourts Essensis de Danone, c'est au tour de l'Académie nationale de pharmacie de s'élever contre ces pratiques « marketing » douteuses. « Des allégations non scientifiquement prouvées sont encore utilisées », déplore l'instance. Et de pointer, sans les nommer, « certaines sociétés » qui, en dépit d'exigences européennes plus strictes depuis le 1er juillet 2007, continuent à abuser d'allégations sans fondement.

Ni vérification ni contre-expertise

L'Académie nationale de pharmacie affiche toutefois sa confiance. Et « souhaite rassurer les consommateurs ». Selon elle, désormais, la « réglementation existe », elle est « rigoureuse », et, cerise sur le gâteau, « elle est rétroactive ». Grâce à l'Europe, « aucune allégation santé nouvelle ne peut être utilisée avant d'avoir obtenu l'autorisation préalable de l'autorité compétente », et « aucun aliment ne peut se targuer de posséder des propriétés thérapeutiques ». Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. L'UFC-Que Choisir ne partage pas cet optimisme. Certes, depuis le 1er juillet 2007, toute allégation nouvelle doit être validée par l'Agence européenne de sécurité des aliments (AESA). Mais cette dernière n'a pas vraiment les moyens de juger : elle doit se contenter des documents que veulent bien donner les industriels, et n'effectue aucune vérification ou contre-expertise. C'est pourquoi l'UFC souhaite que Bruxelles impose aux fabricants la méthodologie à respecter, et que soit exigée une liste précise des pièces à fournir. En attendant, faute de preuves dignes de ce nom, le recours aux « alicaments » n'est pas nécessaire pour être en bonne santé !

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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