Elsa Abdoun
Aliments au sésame contaminé"Pas un accident isolé" selon la Commission européenne
L’enquête n’est pas terminée, mais une chose est déjà sûre : la contamination d'au moins 3 000 tonnes de sésame à l’oxyde d’éthylène n’était pas accidentelle. Des producteurs indiens auraient sciemment utilisé ce produit de décontamination. Une affaire qui pose la question de la fiabilité des contrôles qualité menés jusqu'à présent sur cet aliment.
Près d'un an. Voilà au minimum depuis combien de temps dure la contamination de graines de sésame indiennes à l'oxyde d'éthylène alors que les rappels officiels ont commencé en septembre dernier. Les plus anciens produits concernés que nous ayons identifiés étaient en effet déjà sur le marché en février 2020. Et rappelons qu'au total, ce sont 3 000 tonnes de graines de sésame envoyées d'Inde par plusieurs exportateurs différents qui se sont révélées contenir des taux de ce pesticide supérieurs à ce qu'autorise la réglementation européenne.
« Cela n'a rien d'un accident isolé », en conclut-on à la Commission européenne, tout en évoquant une hypothèse pour expliquer cette contamination : « L'Europe a mis une grosse pression sur l'Inde pour éviter la contamination du sésame par des salmonelles [des bactéries pathogènes, ndlr], avec un échantillon sur cinq qui est contrôlé sur ce critère à son arrivée sur le continent. Cela a probablement induit en réaction un usage accru de produits de décontamination tels que l'oxyde d'éthylène. » D'autant qu'à l'inverse, « il n'y avait pas de fréquence minimum de contrôle sur l'oxyde d'éthylène, car nous n'avions jusqu'à présent pas identifié de risque particulier concernant ce produit », nous explique-t-on.
Des contrôles insuffisants ?
Les autorités européennes ont bien sûr depuis réagi : ce sont maintenant 50 % des lots de sésame en provenance d’Inde qui sont contrôlés pour leur contamination par l'oxyde d’éthylène. Mais le fait qu'au moins 3 000 tonnes de graines contaminées aient pu être importées pendant plusieurs mois avant que ne soit enfin décelée la fraude pose tout de même question de l'efficacité des contrôles.
Ne faudrait-il pas garantir une fréquence minimum de tests sur tout type de contaminants ? « On peut toujours considérer que la maille pourrait être plus fine, mais nos capacités d'analyse ne sont pas infinies » nous a répondu le service de communication de la Commission européenne, en rappelant que « ce sont au total 60 000 tonnes de graines de sésame qui sont importées d'Inde chaque année ». Espérons en tout cas que les nombreux tests qui vont à présent être opérés pour déceler l'oxyde d'éthylène ne se traduiront pas par une hausse de l'usage d'un produit de décontamination alternatif, aussi dangereux et moins contrôlé.
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- Liste des produits rappelés contenant du sésame disponible sur le site de la DGCCRF