Élisabeth Chesnais
Algues vertesCoupables
De quoi sont décédés les sangliers retrouvés morts dans la baie de Morieux (Côtes-d'Armor) ? Ce triste feuilleton de l’été a rendu son verdict : le sulfure d'hydrogène dégagé par les algues vertes a tué ces sangliers.
Les agriculteurs bretons et leurs représentants ont eu beau passer une partie de l’été à nier la responsabilité des algues vertes dans la mort de 36 sangliers retrouvés en juillet sur les plages de Morieux, en baie de Saint-Brieuc dans les Côtes d’Armor, la réalité s’impose une nouvelle fois : les algues vertes sont dangereuses. En raison principalement du gaz qu’elles dégagent quand elles sont en état de décomposition. Les premières expertises avaient démontré la présence d’hydrogène sulfuré, un gaz toxique par inhalation, dans les poumons de plusieurs animaux morts, renforçant cette hypothèse alors qu’aucune trace de poison – la piste avancée par la profession agricole – n’était détectée. Mais le coup de grâce est tombé début septembre avec la publication du rapport de l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques). Ses analyses ont détecté des taux d’hydrogène sulfuré de 3 000 mg/m3, un niveau qui provoque la mort immédiate chez l’homme, en perçant la croûte des algues en décomposition.
Le plan anti-algues vertes adopté en 2010 reste donc malheureusement très insuffisant pour traiter le problème (notre enquête de 2010 sur les algues vertes). La cause est pourtant connue : les nitrates agricoles. Pour en finir avec les marées vertes, il faut diviser les teneurs en nitrates des rivières par 3 à 5, en réduisant les rejets des exploitations en modifiant le modèle agricole breton dominant. Ce n’est pas à l’ordre du jour. Les algues vertes ont donc de l’avenir, le tourisme sur une partie des plages bretonnes sans doute moins.