
Anne-Sophie Stamane
Nos analyses en laboratoire des revêtements antiadhésifs de 6 airfryers montrent qu’ils ne comportent pas de PFAS interdits en raison de leur nocivité. Les PFAS, des composés chimiques aussi appelés polluants éternels, sont souvent utilisés dans des ustensiles de cuisson en raison de leurs propriétés antiadhésives.
Vu le succès des airfryers et leur présence désormais massive dans les cuisines de notre pays, la question est légitime : l’utilisation de ces friteuses sans huile est-elle bien dépourvue de tout danger ? C’est d’autant plus crucial que l’argument d’une cuisine saine est abondamment mis en avant par les fabricants d’airfryers. Le revêtement antiadhésif, en particulier, pose question, car les PFAS sont inévitablement mis en œuvre comme composants principaux des enduits, dans des poêles notamment.
Nous avons donc envoyé au labo 6 modèles d’airfryer pour en avoir le cœur net : deux Ninja, un Philips, un Tefal, et deux de marques moins connues, Princess et Inventum (1). Les résultats nous sont revenus plutôt rassurants : aucun des PFAS désormais interdits en raison de leur toxicité ‒ PFOA, PFOS et PFHxS ‒ n’a été détecté. Le PFOA, en particulier, est totalement absent alors qu’il a longtemps été utilisé dans les revêtements antiadhésifs. Sa dangerosité est aujourd’hui bien établie. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) l’a classé cancérogène pour l’humain, et il est interdit de fabrication, d’exportation et d’importation en Europe.
Nous n’avons décelé que des fluoropolymères, comme le PTFE. Logique, puisqu’il s’agit du principal composant du Téflon. Un PFAS, certes, mais qui, en l’état des connaissances, n’a pas d’effets délétères sur la santé, du moins aux températures de chauffe ordinaires. Il faut en effet monter à 360 °C pour que des particules se libèrent. Or les airfryers ne proposent pas ces niveaux de cuisson. En utilisant des ustensiles adaptés (en bois ou en silicone) qui ne risquent pas de rayer les parois et la grille, l’utilisation quotidienne n’exposera pas à un relargage.
L’absence de risque à l’usage ne signifie pas qu’à l’échelle environnementale, il soit à écarter. La stabilité et la persistance des fluoropolymères dans les milieux naturels oblige à se préoccuper de leur utilisation au stade de la fabrication, ainsi qu’en fin de vie des appareils, quand il faut gérer les déchets. Deux points noirs qui restent en suspens.
(1) Ninja AF101C, Philips NA221/00 series 2000, Inventum GF500HLD, Ninja Foodi AF300EU, Tefal Easy Fry and Grill XXL EY801D, Princess 182254.
Anne-Sophie Stamane
Gabrielle Théry
Rédactrice technique
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