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Aide auditive OctaveÉchec des audioprothésistes

Le syndicat d’audioprothésistes qui voulait faire interdire la vente en officine de l’assistant d’écoute Octave, perd le procès qu’il avait intenté à une pharmacienne des Yvelines pour exercice illégal de la profession.

Depuis qu’Octave a débarqué dans les pharmacies fin 2010, les audioprothésistes veulent la peau de cet assistant d’écoute prêt à porter, mis au point par la société Sonalto. Un combat d’arrière-garde qui n’est pas sans rappeler la longue guerre menée autrefois par les opticiens contre les lunettes loupes. Il est vrai que ce petit appareil, vendu sans ordonnance et à petit prix (299 € par oreille contre 1 800 € en moyenne pour une audioprothèse classique) ouvre une brèche dans leur monopole, même s’il ne prétend corriger que les presbyacousies légères ou débutantes liées au vieillissement naturel de l’oreille. « Octave n’est pas une prothèse auditive : c’est un produit de confort », rappelle Maxence Petit, l’un des deux fondateurs de Sonalto. Pas question de remettre en question le savoir-faire et la compétence des audioprothésistes dans le traitement des surdités moyennes ou sévères.

« Échec cuisant pour le lobby des audioprothésistes »

Très bien accueilli par le grand public, Octave compterait aujourd’hui plus de 14 000 utilisateurs. Un succès vu d’un très mauvais œil par les syndicats d’audioprothésistes, l’Unsaf et le Synéa, qui ont assigné Sonalto en justice, dès sa création, pour délivrance d’audioprothèse sans prescription médicale, tout en se livrant à une intense campagne d’intimidation auprès des officines commercialisant ces aides auditives. Une pharmacienne des Yvelines a même été assignée au pénal par l’Unsaf pour exercice illégal de la profession. Autant de manœuvres qui ont bien failli tuer dans l’œuf la jeune start-up parisienne. « Par peur, de nombreux pharmaciens ont décidé d’arrêter de vendre Octave, poursuit Maxence Petit. Ça a complètement asséché notre marché. » L’acquittement de la pharmacienne qui vient d’être prononcé par le tribunal correctionnel de Versailles a donc été accueilli avec un grand soulagement par Sonalto. « Cet échec cuisant pour le lobby des audioprothésistes est surtout une grande victoire pour les millions de Français à la recherche d’une aide auditive de qualité à un prix raisonnable », précise la société dans un communiqué de presse.

De son côté, le président de l’Unsaf, Luis Godinho, que nous avons contacté, déclare que le syndicat fait appel, sans autre commentaire. « Il faut tourner la page, affirme-t-il. On a beaucoup parlé de cet assistant d’écoute. En réalité, le principal problème n’est pas le prix des audioprothèses, mais l’insuffisance de leur prise en charge, comme le constate d’ailleurs le rapport annuel du HCAAM (Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie) publié en décembre 2013 ». Un constat partagé par l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) et par la Cour des comptes qui considèrent que la revalorisation de leur prise en charge doit être prioritaire. En attendant, les bonnes idées de la concurrence sont toujours bonnes à prendre. Pour preuve, Conversons, une enseigne d’audioprothésistes franchisés, dont un des dirigeants, Guillaume Flahaut, est aussi vice-président du Synéa, commercialise sur son site Internet Audilo, un assistant d’écoute ressemblant étrangement à Octave. En toute discrétion.

Florence Humbert

Florence Humbert

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