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Élisa Oudin
Les trois principales agences mondiales de notation (Moody’s, Standard & Poor’s, Fitch Ratings) font la pluie et le beau temps sur les marchés financiers, y compris sur celui de la dette des États. Des limites à cette toute-puissance seraient peut-être en train d’émerger.
La nouvelle a fait le tour des journaux : l’agence de notation Moody’s a décidé d’abaisser en début de semaine, soit un an après sa consœur Standard & Poor’s, la note de la France. Quelques jours auparavant, une autre information tombait, beaucoup moins relayée, mais peut-être pas moins lourde de conséquences à long terme. Un juge australien vient pour la première fois de condamner une agence de notation, Standard & Poor’s, en raison d’analyses publiées sur deux produits financiers.
Cette condamnation est d’autant plus importante que le pouvoir de fait des trois agences de notation est aujourd’hui exorbitant et quasi sans limites. Une dégradation peut en effet suffire à condamner à mort une entreprise. On se souvient par exemple des faillites Enron, Lehman Brothers ou Dexia pour n’en citer que trois : l’abaissement de la notation leur a brutalement coupé le robinet du crédit. Une telle décision peut également entraîner des États dans la spirale infernale du surendettement en faisant flamber les taux d’intérêt de la dette publique. Pourtant, jusqu’à présent les agences bénéficiaient d’une quasi-immunité. Quelles que soient les conséquences de leurs décisions, les entreprises comme les États n’avaient pas d’autres recours qu’un appel devant… l’agence elle-même. Aucune autre institution n’avait encore sanctionné ces sociétés d’analyse en estimant que les notes qu’elles distribuent engagent leur responsabilité.
Après trois décennies de désengagement des États, on assiste peut-être aux prémices d’un retour vers plus de contrôle des agences de notation. Et ce d’autant plus que la décision de la Cour fédérale australienne (le procès a duré treize semaines) intervient alors que les agences sont désormais placées sous surveillance européenne. L'Autorité européenne des marchés financiers (ESMA) vient en effet d’ouvrir une enquête concernant les trois principales agences de notation pour déterminer si les méthodes d'évaluation des banques sont suffisamment rigoureuses et transparentes. Les conclusions devraient être connues d’ici quelques semaines. L’ESMA enquête notamment pour savoir si les agences disposent de « suffisamment de ressources en matière d'analyse », alors que les notes des agences sur les établissements financiers n’ont cessé de fluctuer.
Élisa Oudin
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